• 1940- Rue Clémenceau- Philippeville

    1940;- Le point rouge indique l'appartement occupé par Philomène Balestrieri, la seule grand-mère que j'ai connue, l'autre Marie-Anne étant décédée. De ce balcon, à 5 ans j'admirais le trafic de cet axe principal ayant un second nom, Rue Nationale. Le point bleu indique un renfoncement- interruption d'arcades-(1)-. Là se trouvait le vulcanisateur Gentile. Parfois, une chambre à air éclatait. Du balcon, je sursautais. De ce même balcon aux mille senteurs d'herbes aromatiques- basilic, coriandre,menthe...se mêlaient les effluves de la gargote. Dès dix heures, la "margua" ou sauce à la viande de mouton envahissait le 1er étage et  la chambre de mémé, assise sur son lit. Souvent, elle demandait à son aide Madame Mattera d'aller chercher une portion de couscous pour déjeuner. Le point vert indique l'entrée de l'appartement : à dr un épicier grossiste Arabe, le parfum du clou de girofle domine, à g un magasin-souvenirs tenu par un Mozabite. Pour atteindre l'entrée de l'appartement, il fallait emprunter un couloir sombre, très sombre. Une faible ampoule de moins de 10 lux suffisait pour ne point trébucher. L'espace du logement serait classé dans la catégorie d'un T2. Vestibule meublé dans la pénombre. Cuisine faïencée rouge sombre, seule source lumineuse, une verrière de faîtage. La lumière jaillissait dès l'aire du salon franchie. La chambre de grand-mère, meublée sobrement comprenait une armoire de rangement, un bureau et son lit spacieux. Sitôt acquitté de mon devoir d'enfant, je m'empressais de coller mon nez au balcon. Dès lors le spectacle commençait. Il suffisait de traverser la rue pour se rendre à l'épicerie Morandé : étalement de friandises dans des bocaux à hauteur inaccessible. Autre fait, tous les matins, un impressionnant matou venait faire les commissions de son maître, le couffin entre les dents, l'épicière n'avait qu'à honorer la liste.De ce balcon, encore, carrioles, calèches, fourgons, charrettes, chariots, automobiles s'entrecroisaient. Imaginez une rue toute pavée, klaxons à volonté, roues de charrettes cerclées de fer ajoutaient au tintamarre général. Ajoutez les quolibets des passants. Que d'animations! Spectacle envoûtant pour le bambin que je suis. Spectacle inattendu: le vétérinaire Vicrey voit sa roue avant dr. sortir de l'essieu et atterrir... chez Gentile, comme si elle le sollicitait pour être regonflée. Une Peugeot sur trois pattes!!! De quoi m'ébahir. Le balcon véritable pôle d'attractions. Souvenirs de première jeunesse.
    Pendant ce temps, mon père Philippe est rappelé comme Réserviste. Son rôle est de surveiller la côte Méditerranéenne, allant de Stora au Cap de Fer; Ex-Spahi, brillant cavalier,cette pénibilité n'est rien par rapport à celle du domaine de Saf-Saf qu'il doit délaisser pendant sa "Période de Service".
    (1).- Aujourd'hui, le Journal El Watan déplore que les arcades soient négligées, elles tiennent dangereusement par des étais. Il titre "Un patrimoine en perdition". Je rappelle que la plupart des bâtisses de cet axe ont été si solides qu'elles ont supporté des surélévations de plusieurs étages.
     

  • Commentaires

    1
    Tordjmann
    Lundi 13 Janvier 2014 à 09:46
    S\'il y a une vidéo ou un texte... Je n\'ai accès à rien..
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