Je vous invite à emprunter l'itinéraire Montauban-Laguépie par la route touristique. Comptez toutes les petites gares désaffectées mais occupées par des particuliers. Plus de train, mais des véhicules qui profitent des méandres adoucis calculés pour un autorail qui n'excédait pas 60km/h. Eh oui! Au sortir de la Grande Guerre, tout le monde n'avait pas son auto. La ruralité était à son apogée- on y revient par Internet-. Ecoles, églises, usines pullulaient.
Dans sa structure la plus réduite, l'autorail offrait 43 places assises. Il pouvait augmenter sa capacité par allongement d'un compartiment. Il desservait toutes les gares : St Etienne-de-Tulmont, Bruniquel,Feneyrols..Lorsque j'ai été nommé au Collège de Laguépie en mars 1963, la ligne venait de fermer. Monsieur GRANIE (1) avec son mini-car prendra la relève.
Il n'est pas superflu de noter que l'imagination de l'homme peut aussi naître dans des endroits reculés. Après cet essai concluant, l'idée de l'autorail sera adoptée sur tout le territoire Français. D'autres exemples très différents seront d'usage. En 1957, le Collège de Laguépie, prospère grâce au Baby Boom d''après guerre, recevra des élèves des 3 Départements cités. Pour cela, un ramassage est organisé sous la responsabilité du Directeur Raoul Garriques. Il sera le premier en France rurale. Tout près, à Najac, le docteur Epiter aura l'idée d'offrir à sa clilentèle la possibilité d'un service continu en cas d'absence grâce au commutateur de téléphone avec son collègue de La Fouillade (12). De quoi cogiter? De quoi pavoiser.
(Ce document inédit est extrait du film archivé par la SNCF, je remercie Martine Rous, mon ancienne élève, aujourd'hui prof d'Histoire)
(1) Monsieur Granié est un monument à lui seul. Son mini-car n'excédait pas 10 places. Il s'ouvrait aux quatre vents à l'envi. Au cours du périple, bien souvent le conducteur faisait admirer le paysage en oubliant la route comme si le véhicule s'était très bien accoutumé à l'itinéraire quotidien. Une anomalie au moteur? Pas de souci. Le matin, pendant que les passagers faisaient leurs emplettes à Montauban, le héros mettait bas le moteur. A l'heure du retour, sans une minute de retard, tout rentrait dans l'ordre. Auteur de "LA BARONIE DE LAGUEPIE", il évoque avec son érudition les moeurs d'antan.