Rue aux multiples contrastes. A gauche, l'angle du Palais de Justice, il vous dit "ne passez pas par la case Départ, allez droit en Prison". Celle-ci se trouve tout en haut de l'artère. La charrette ou hippomobile détrônée par l'automobile voit la bête soumise baisser la tête; Il est prudent de descendre la pente freins "mécaniques" bloqués.Il est probable que l'agriculteur se soit attardé et qu'il sorte du Marché de Gros situé 3 rues à droite.Ce paysan devrait rejoindre sa propriété sise au Beni-Melek. A droite encore, le "Potin Bar", trop petit pour contenir la clientèle, on préfère s'attabler dehors. Ainsi installé, on observe mieux les gens. C'est du Pagnol avec les mêmes couleurs.Boutique qui fait suite : l'odeur d'anisette se mêle à celle des beignets arabes. On en connaît plusieurs tels que les "F'Taïrs", les "F'tetches"... Bain d'huile bouillante contenue dans un large récipient semi-sphérique, en assis-tailleur, l'acteur en un tour de main lance la pâte. Un délice à toute heure. il manque le glacier à gauche à l'ombre. Il a dû prendre la retraite. Avec lui, de véritables sorbets : pas de cornets, pas de colorants mais des petits verres. La glace broyée préparée avec du citron frais pressé était un régal lors de la période caniculaire.
Vitalité enthousiasmante. Pourtant, la famille connaîtra une triste tragédie. En 1949, René Balestrieri, âgé de 20 ans, parachutiste libérable dans la semaine, voit avancer seul son camion GMC, tandis qu'il téléphone. Son réflexe: la maîtrise du véhicule, il se trouvera coincé. L'activité du samedi matin est intense. En se sacrifiant, il va éviter le pire. Le magasin de tri de son père se situe aussi 3ème rue à droite, c'est la Rue Valée. René est venu régler les derniers préparatifs de son mariage prévu le samedi suivant. L'orientation des roues a prouvé que le véhicule allait emprunter la descente de la Rue d'Austerlitz. Ce sera fatal pour mon cousin germain.