• 1946 - (6 juillet) . Union renforcée de Balestrieri/Di Costanzo=

                                En l'honneur de l'auteur de la Généalogie familiale.


     A Philippeville en ce samedi 6 janvier 1946, à 15 h., on s'affaire fébrilement : les préparatifs ont commencé bien avant l'heure. Roger Balestrieri  va s'unir à Germaine Di Costanzo. Evènement qui marquera la famille.
               Pour la petite histoire, les deux protagonistes se connaissent, ils se connaissent même très bien. Leur enfance s'est déroulée sur un  terrain commun : le domaine de Saf-Saf.  Lorsqu'il pleuvait, Philippe leur oncle, mon père, se transformait en animateur de "Jardin d'Enfants". Il confectionnait des instruments de musique à vocation différente : percu ou castagnettes, peigne musical.... tout ce petit monde autour de la table essayait de suivre le chef d'orchestre. L'ambiance ne pouvait que consolider les liens familiaux.
              Roger, tout juste âgé de 16 ans, prend en main le domaine quand  Philippe est resté deux ans alité. Ursule, épouse de Thomas défunt, la maman de Germaine s'y est aussi mesurée. Voilà donc le décor planté pour établir les assises du couple.. Roger n'a pas le temps de penser aux amourettes ; si ! encore ado, il vient chez sa tante Françoise, se met au balcon à rêvasser en chantant avec nostalgie "C'est le chant d'un Gardian qui s'attarde..." Je l'écoute, je l'observe. Il rêve, vraiment, il rêve à ...c'est son secret . La Seconde Guerre est déclarée. Le voilà au front, le voilà à Cassino. Elle, infirmière, a perdu de vue Roger. Leur jeunesse paraît lontaine. Quand on revient de l'enfer, on remet tout en question. La Sagesse veut qu'on ne pense plus à soi. La Richesse veut que ce qui prime sur tout, c'est fonder une famille. Pour cela, il faut une valeur sûre. La guerre a dévoilé tous les vices. Le refuge c'est celle  qui va se montrer capable d'aller dans le même sens.  L'exemple puisé autour d'eux, les références  dont on s'inspire ne permettent pas de se hasarder avec quiconque. Germaine Di Costanzo et Roger Balestrieri. Que chercher de plus? L'esprit de famille va les souder plus encore, au point que le Père Jean Balestrieri qui a confié la gestion des biens, voit son fils privilégier son couple. Il lui échappe. Que voulez-vous, mon cher Tonton, quoi de plus précieux que l'Amour dans un couple? Rue Nemours! Rue Nemours! Certes, vous l'acceptiez mal. Mais le droit d'aînesse tel qu'on le concevait voulait que l'on sacrifiât l'essentiel, voulait que l'on tombât sous la dépendance totale du patriarche. Les mentalités ont évolué, ce n'est pas un mal. D'ailleurs, d'en-Haut, si vous faites le bilan, que reste-t-il des biens? Si vous faites le bilan, observez votre génération nouvelle! Ne vous plaignez pas mon cher tonton, Roger était à bonne école avec son oncle et père spirituel, je veux nommer mon père Philippe. Dans votre for intérieur, vous le saviez. A vrai dire, vous l'enviiez. L'oncle commun aux deux mariés, d'ailleurs, applaudira des deux mains l'union des deux êtres. Protecteur de ses neveux et nièces depuis le décès du père, il n'a pu honorer son contrat jusqu'au bout. Le voilà donc plus que satisfait de cette union.
                        Le couple vient de passer devant le maire. On l'attend à 18h. à l'église. C'est encore Philippe, l'oncle de la mariée qui accompagne sa nièce à l'autel, orpheline de père. Les trois cloches sonnent à toute volée. Elles sont capables de transmettre la joie comme la tristesse. Aujourd'hui, tout le monde est en liesse. La cérémonie, comment s'est-elle déroulée? Je ne m'en souviens plus. J'avais 11 ans. Séance chez le photographe. Attente. Rendez-vous au "Château Vert" pour la noce.
     (
    ci-dessous, photo prise par Claude Bouchet en 2002, il porte toujours le même nom).


    Photobucket
    Photobucket(cliquez 2x pour l'agrandissement plein écran des deux clichés)
        
    (Photo des années 50, sous les baies du Château-Vert, la plage, seule la route de Stora est à traverser pour aller se baigner. Au bout, le toit à deux pentes est celui du Casino-dancing, bâti sur piloti pour être plus en contact avec la mer)             
    Il est tard. J'ai faim. Au pied du réputé Hôtel-Resto, monté sur pilotis en bois, au-dessus du sable, un stand de vendeur de frites, dis-je de chips fraîchement laminées, offertes dans un cornet adroitement façonné. Il est là pour les baigneurs en hypoglycémie ou simplement pour ceux qui ont un creux à l'estomac. L'odeur alléchante mêlée à la brise marine, voilà ma tentation. Je le regretterai. Le cornet tentateur va me couper l'appétit. Il est grand temps de rentrer pour festoyer. Spectacle grandiose. 120 couverts. Table nappée de blanc couvrant la longueur de l'immense salle. Au milieu des langoustes dos à dos, donnant l'impression de n'être qu'un seul crustacé géant. Les plats défilent sous mes yeux. Les meilleures préparations du coin   honorent le patron Monsieur Fasullo. Rien, mais rien n'arrive à me tenter. Quelle absurdité que de s'être laissé prendre par l'odeur du stand en bas. Une satisfaction : le dessert, mon point faible. Avant la fin du repas et pour faire patienter l'enchaînement des mets, l'orchestre Albanez, lance un Paso Doble. Comme d'habitude, les orchestres m'attirent. Le chef, un trompettiste, de type sanguin, lorsqu'il souffle son visage rougeoie au bord de l'éclatement, ses lèvres blanchissent. Bizarre! Jean Balestrieri a voulu que cette noce puisse marquer le retour de ses deux fils- Roger et Pierre- d'une guerre qui laissait peu de chance de les voir revenir vivants. Mais, il fêtait aussi sa réussite professionnelle. Il venait de faire un bond prodigieux grâce au commerce d'agrumes.
                       Le dessert terminé, la pièce montée démontée, le champagne à flots, on range les tables sur les côtés et  place à la piste de danse. Ouverture du bal marquée par la traditionnelle valse des mariés. Les yeux rivés sur les personnages centraux, c'est l'instant où l'on dévoile les habitués ou non de la bamboula. Puis, succèderont Boléro, Rumba... Les plus habiles sont les femmes. Francette Fiorentino arrive à se faire remarquer en ajoutant un jeu de chevilles. Héberlué, je les regarde fixement se disloquer au rythme syncopé. Cette séquence se prolongeant interminablement finit par lasser le gosse que je suis. Comme il se doit, le court répit à chaque changement de série de danses programmée par les musiciens, le brouhaha des convives se mêle au ressac de la mer toute proche.Une chambre à l'étage a été retenue pour ceux qui veulent se détendre ou se changer. C'est alors que je découvre que le monde des adultes dans les coulisses joue son jeu. Les uns découvrent l'âme soeur, les autres dénouent avec l'âme soeur...Gamin, je me résous à garder mes distances. La piste sera occupée jusqu'aux aurores. Tombant de sommeil. On me réveille dans la chambre pour rejoindre mon domicile. Jean a bien fait les choses. Il a mis à notre disposition sa "15/6 Citroën - traction avant". Arrivée, Rue des Aurès, maman  n'a plus son sac à main. Elle se rendra compte que distraite ou gagnée par la fatigue, elle l'a posé sur l'aile de l'auto....Qu'est-il devenu?...
                      C'est dimanche, on me réveille. Comme d'habitude je me lève pour le petit déjeuner. Tout le monde se rit de moi. Je me rends au balcon. Ebloui par un soleil qui n'a pas voulu m'attendre, je prends conscience que pour la première fois je ne me suis pas levé à 8h. La ville brille de mille feux. Il est midi passé. C'est l'heure du déjeuner. Je viens de passer ma première nuit blanche et me réveille dans une semi-inconscience. (Souvenirs d'un bambin).
                    Le nouveau couple s'installera au Beni-Melek sur la propriété acquise par la remarquable Grand-mère Philomène. Les deux nouveaux mariés auront beaucoup d'enfants. Des enfants nés dans un nid douillet grâce à l'harmonie du couple. Gérard.
                 


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