• 1994 - Ec. du Centre- Classe à l'Océan - La SOCATA=

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    (photo 1 : côté cour, le réfectoire)
    (pour le plein écran, cliquez 2 fois)
                                                      BON APPÉTIT, LES PETITS!
    Ils dévoreront. Ils ne décevront pas le cuistot. L'iode les rend affamés.
    Bidart près de Biarritz. La Socata(1), usine de construction d'avions légers, aujourd'hui, en sous-traitance avec l'Aérospatial de Toulouse, a mis ses locaux à la disposition des classes de l'Education Nationale. J'en ferai profiter deux Ecoles, celles de Verdun/Garonne et celles de l'Ecole du Centre de Montauban, et ce, sur une période allant de 1977 à 1996.
                               La journée a été laborieuse et longue. Il est tout juste 18h.30. On vient de faire les relevés d'enquêtes sur le terrain. Faune, Flore, Environnements, Navigation, Mœurs Basques ... le contenu pédagogique dépasse celui d'une classe sédentaire, condamnée à l'hermétisme. Souvent, le milieu d'observations est si riche que les élèves en sortent saturés. Mais pour ma part, mes racines Philippevilloises renforcées par celles de mes ancêtres d'Ischia font que je suis investi d'une force irrésistible pour rendre le séjour des plus riches. A vrai dire, au contact de cette masse liquide iodée,  la métamorphose et le bouillonnement  qui s'exercent sur l'organisme est nettement plus visible que chez l'enfant. Lui,  il est subjugué par le site incomparable. Moi,  mon dynamisme décuple: je sens cette métamorphose bien avant d'aborder la côte, l'atmosphère m'envoûte. L'enthousiasme de l'animateur est indispensable pour faire passer le message.

    Photobucket(photo 2, côté jardin, la classe au fond)
    Ce réfectoire bâti à la verticale de l'Océan permet d'observer les marées, les changements de paysages marins. Expliquer les phénomènes naturels par constat direct ne peut que profiter aux élèves aussi curieux que les adultes, sinon plus. Plus d'un quart de siècle dans ma ville natale, à Philippeville, j'ai pu observer la Méditerranée de mon balcon. Mais sans approfondissement. Ils faisaient partie de mon décor quotidien, j'avais grandi avec eux. Ici, sur le Golfe de Gascogne, en transition totale avec  la mer de mes racines, je découvre une multitude de richesses qui m'échappaient auparavant. Et comme enseigner c'est apprendre deux fois, me voilà en situation pour répondre aux questions les plus embarrassantes. Car, la première année, j'ai été le premier à me documenter. Le premier écueil, les marées au rythme de 4 x 6 h. J'ai cherché les causes de leur coefficient, les réponses évasives  des professionnels de la Pêche m'ont déçu. C'est alors que la loi Newton,  loi sur l'attraction universelle, cette loi que j'avais étudiée quand j'étais jeune me sauva de l'impasse. Sachez que pour un Méditerranéen pur jus, comme je l'étais, ce phénomène m'a passionné au premier contact avec l'Océan;
    Photobucket(photo 3 : cliquez pour le plein écran)
    Le dîner est terminé. Copieux, il demande que la digestion ne se fasse pas en allant directement au dortoir. Alors, on prépare "la veillée". Le soleil de juin met du temps à se coucher. Dans la salle de jeux, on attend le moment propice pour lancer l'animation. Pour l'instant, garçons et filles se taquinent. Le plus audacieux veut se rendre intéressant auprès de ses camarades de classe, ici notre personnage central a l'air de présenter ses dons en chorégraphie:  un  entrechat? En tous cas, il cherche à séduire les copines de classe. Ce sont des échanges entre innocents mais amusants pour nous adultes. Il va falloir libérer les tensions et le reste d'énergie sinon, l'excitation due à  l'Océan  marquée par le rythme incessants et immuables des ressacs va maintenir éveillée toute la chambrée. Ainsi, après un déchaînement ponctué par des danses africaines, un retour au calme s'imposera afin de trouver le sommeil à l'étage...Le lendemain matin, les "troupes" doivent être disposées à entreprendre la classe normalement,  enrichie de découvertes de la veille...
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    En 1977, date de ma première classe de mer, le Port de Saint-Jean-de-Luz était un port de pêche actif. Au cours des années 90, Cibourg et sa criée de poissons accélèrent le transfert des compétences. Aujourd'hui, les quais de St-Jean continuent leur première vocation avec le thon, mais ils sont surtout occupés par des chalutiers convertis en barques de Plaisance, comme la "Marie Rose"...Les élèves viennent de relever leur poids total sur le Pont Bascule. 1 Tonne 9 quintaux et 75 kg. Unités usuelles devenues obsolètes pour des gamins peu familiarisés avec ce système tandis que lorsque j'étais gosse, elles étaient loin d'être abstraites. Voici donc un objectif atteint à mettre au crédit des classes de découvertesPhotobucket.
    cliquez pour le plein écran)
    L'étude du milieu vient de se terminer. Sous le kiosque à musique de St-Jean-de-Luz, face à la mairie, un groupe d'enfants se détend en attendant le car qui doit les ramener à la Colo. Depuis le premier jour où les Classes Transplantées sont venues exploiter les richesses de l'Océan, j'ai pu dénombrer quelque 1 000 élèves concernés par ce site incomparable.
                   Réflexion sur l'environnement.  J'en reviens aux connaissances de ma grand-mère Philomène Balestrieri, alors professeur.Tandis que l'exploitation de la terre n'était pas encore terminée, elle dévoilait déjà les ressources intarissables que recèle la Masse Liquide, cette masse qui occupe les trois-quarts de notre Planète, cette masse qui nous préoccupe tant, tant l'homme doit être désigné comme le principal responsable de la dégradation du milieu marin. Les classes ont toujours eu lieu avant la saison estivale. En conséquence, les plages n'étaient pas nettoyées. On pouvait faire l'inventaire des déchets déposés lors du reflux. Le plus souvent, le mal venait d''Espagne fraîchement inscrite dans la Communauté Européenne exigeante sur ce chapitre. L'habitant sous couvert d'anonymat jetait tous les encombrants putrescibles ou imputrescibles dans le fleuve lequel se chargeait de les transmettre à la mer. De ce fait, chaussures engluées de goudron, il fallait que l'élève se déchausse et pénètre en pantoufles dans le bâtiment.
                          Plus grave que le bioxyde de carbone issu de l'industrialisation à outrance et dénoncé comme un danger pour la qualité atmosphérique, il faut surtout se mobiliser pour préserver les Océans du pire. Imaginez une Mer Morte et un Océan Mort vidés de tout être vivant du krill à la baleine.
    Il y a de cela quelques années, je rencontrais un paysan varois : il me disait que dans son puits une analyse ne décela aucune trace minérale, aucun être vivant. Mutation environnementale due aux pesticides. De quoi vous glacer....
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    Cette photo d'un quotidien du Sud-Ouest a servi à mon argumentation durant les cinq dernières années de mes classes d'Environnement : sensibiliser les élèves aux gestes anodins- comme jeter un sac plastique en forêt- mais qui, immanquablement aboutit au résultat que nous découvrons. Pour rendre les plages fréquentables, les Collectivités Locales sacrifient un budget dont on pourrait se passer. Si la conscience de chacun pouvait apporter une amélioration.Mais...Mais... j'émets des doutes eu égard à  l'indiscipline latine...aggravée par l'anonymat. "Après moi, arrive ce qui arrive...ce n'est pas mon problème" telle est la devise qui germe en chacun de nous.
                               Observation de la gravure : cette photo prise par un journaliste professionnel a fixé le spectacle que mes classes ont découvert durant de nombreuses années avant que la saison des plages ne soit ouverte. En même temps, comme point dominant, nous découvrons sur le tertre l'imposant bâtiment de la SOCATA. Aucun doute, ce point d'observation a alimenté mes leçons concrétisées par les phénomènes environnants. Immédiatement à ses pieds, à droite, une petite maison encore accrochée à la falaise et appartenant à un officier supérieur. Livrée à l'érosion de la côte, minée par la nature friable de la roche, cette maison modeste s'écroulera....en faisant une victime. Là aussi, les élèves ont pu découvrir la force irrésistible de Dame Nature. Posséder une "bicoque pied dans l'eau", est un luxe onéreux et risqué, mais quel spectacle grisant que d'être confronté de près aux caprices de l'Océan!!!.





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    Photo datant de 2007. Magnifique reconversion en Maison Familiale - EADS - SOCATA



    (1).- La SOCATA ayant son usine à Tarbes,  n'a pas de directeur désigné, du moins selon mes informations. Le Comité d'Entreprise, les Délégués syndicaux assurent le fonctionnement en alternance. Ce qui au plan humain évite les heurts avec le monde patronal souvent en conflit avec la base, maladie incurable du Français. Voilà pour le meilleur côté de cette gestion mi-collégiale. Notre culture n'a pas encore forgé le citoyen dans ce sens. Avec une structure quelque peu identique,  "La Verrerie Albigeoise" a elle aussi mené son entreprise depuis des décennies et ça marche, du moins ça marchait, je n'y suis plus retourné depuis trente ans.
                 Inconvénients : le patron étant inexistant, à qui peut-on s'adresser? Je vais me rendre à l'évidence en découvrant une carence dans la gestion. Du moins mon éducation la qualifie de carence, car il ne m'est pas permis de juger avec légèreté une telle situation. Après 20 ans de bons et loyaux services, fidèle et inconditionnel de la magnifique bâtisse, ayant drainé une génération d'enfants, me voilà confronté à un comité anonyme. Aucune mémoire. Aucune reconnaissance. Aucune décision hors d'un conciliabule. Aucune souplesse dans les décisions. Je pensais exagérer le propos mais le destin a voulu qu'un de nos amis soit ingénieur de l'Aérospatial, il me fit part de la même observation. Peut-être était-il mal préparé à cette structure sans patron? En tous cas, la stratégie a l'air de fonctionner. Ayant subi une restructuration avec compression de personnel, l'entreprise a su se reconvertir. Le bilan demeure positif.
    Mais pour corroborer ma thèse selon laquelle un bon patron demeure irremplaçable, je me réfère à la gestion de la Colonie de Bidart. Pendant des années, sous la responsabilité de Monsieur Rouziès, directeur durant plus de 30 ans, les rouages de la Colonie étaient on ne peut mieux huilés. Après lui, combien de directeurs lui ont succédé? Je laisse le soin à chacun de conclure. A travers cette analyse critique, il est de mon devoir de remercier la SOCATA pour m'avoir ouvert les portes, je fus un ardent défenseur des Classes de Mer. D'aucuns auraient souhaité que je prenne la direction après cet inoubliable enseignant délégué de la FOL de Tarbes, je veux honorer ici, pour son panache, Monsieur Rouzies. Sans regret, je passe mes vacances de retraité dans le secteur en savourant les belles années... teintées d'iode....

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    Le hasard a voulu que dans les archives de mes périples à la SOCATA je retrouve ce document. Ignorant totalement les individus qui posaient devant le portail d'entrée, j'ai tiré le négatif en croyant trouver des anciens élèves. Or, après tirage, je découvre quelques employés adultes de l'Usine Tarbaise.Certains se retrouveront avec plaisir quelques années après. Lors de mes multiples classes transplantées en ce lieu, j'ai rencontré certains anciens de ce Centre de Vacances réservé d'abord à ceux qui posent devant l'objectif. Ils me disaient bouder l'endroit car étant venus tout jeunes et tous les ans, il ne leur semblait plus passer des vacances, par manque de dépaysement. De plus se connaissant et se coudoyant au travail, il leur fallait s'échapper en changeant de décor. C'est peut-être une des raisons qui a décidé le Comité d'Entreprise de donner une nouvelle mission à ce magnifique bâtiment Rappelons-le (v.plus loin) il fut acheté à un Prince Roumain qui fit importer les matériaux nobles de son pays d'origine.


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