• 2008 - Toussaint - Mémoire des défunts sans chrysanthèmes=

    Photobucket(cliquez pour le plein écran et la lecture)
    Cette page illustrée est extraite de mon livre sur "Balestrieri Françoise".Photobucket(cliquez pour le plein écran)
                    On aurait tendance à penser que les plaques aient été descellée. Si c'est le cas, elles l'ont été  peut-être partiellement car la plupart d'entre elles ont fait l'objet d'un transfert vers le caveau de Jean Balestrieri en 1947. (photo ci-dessous). De plus, une partie de la famille a exilé à Constantine pour s'installer comme négociant. Ce qui explique la désertion apparente du caveau.

    Photobucket(cliquez pour le plein écran)

               Ce cliché récent  nous montre le caveau de la famille de Jean Balestrieri, 60 ans après sa construction. Les visiteurs ovins semblent s'intéresser au désherbage du cimetière. Scène insolite qui peut heurter les personnes respectueuses de ce lieu; néanmoins, on pourrait l'interpréter autrement en pensant que les brebis évitent ainsi que l'herbe sauvage n'envahisse l'aire sacrée. Selon les renseignements recueillis, les tombes familiales n'ont pas été profanées.
              Avant le décès accidentel de René en 1949,  par exhumation de trois corps, Jean s'est désolidarisé du caveau initial de ses ascendants. Les évènements de repli en Métropole l'empêcheront d'être inhumé près des siens en ce lieu. Le choix structurel a changé : le monument funéraire n'est plus enterré comme il était de coutume mais aérien, individualisé et à tiroir. Quatre noms peuvent se lire de haut en bas : Monsieur Nicolas Balestrieri, Madame Philomène Balestrieri son épouse, Marcelle Balestrieri et René Balestrieri. Pour plus de précisions, voir ces noms dans "Liens" et Généalogie. Cependant, ce que ne précisera pas le site, ce sont les faits qui suivent:
    Nicolas : est décédé par un beau jour de soleil de mai. Travaillant sur la propriété acquise au Beni Melek, il se trouvait ce jour-là au bas de la colline sur laquelle était implantée l'habitation. Son épouse l'appelle pour qu'il reçoive l'abbé Xerri. Arrivé en sueur, il s'attarde à discuter sur le perron. Il mourra d'une congestion. Il n'avait que 51 ans.
    Philomène : des grands-parents, c'est la seule que j'ai vu vivre et mourir. Elle décèdera Rue du Ravin à Philippeville en appelant désespérément  Roger, son petit-fils chéri. Elle est sans nouvelles de lui qui est pris dans l'enfer de Cassino. Elle meurt le 7 janvier 1945, peu de temps avant l'arrêt des hostilités, elle avait 85 ans.
    Marcelle : terrassée à 4 ans d'un coup de pied de mulet  en novembre 1935, c'est-à-dire six mois après ma naissance. Je ne l'ai pas connue. Mais au sein de la famille, le traumatisme a été tel que j'ai été moi-même traumatisé. On ne me verra jamais passer derrière un équidé, surtout après une consommation d'orge....
    René : ce n'est pas l'animal qui le tuera mais son véhicule. Ce 12 septembre 49, tandis qu'il venait de garer son GMC devant le "Magasin" de tri d'agrumes, situé Rue Valée, tandis qu'il mettait au point par téléphone les derniers détails du mariage dès la libération qui devait avoir lieu le 21 septembre, il délaisse spontanément sa fiancée Gisèle Monti, au bout du fil. Ahcène, un employé l'alerte : le véhicule, freins défectueux, avance seul. René a juste le temps de passer entre le mur et la "bête" arrêtée sur le trottoir. Bilan : foie broyé. Cette scène tragique se passait à midi. A 15h., il décédait à l'hôpital de Philippeville. Il avait 20 ans. Il s'était engagé dans les paras. Sportif. Spéléologue. Affectueux. Comique. Je n'oublierai jamais que c'est lui qui m'apprivoisera, le jour de la rentrée scolaire en 1941.


    Rappel sur l'étymologie du nom Balestrieri : il doit cette appellation à l'activité professionnelle d'arbalétrier, l'Ile d'Ischia était convoitée par les pirates et bon nombre d'envahisseurs, il fallait donc que les habitants créent une auto-défense.
                          Il n'est pas superflu de rappeler que le patronyme ou nom de famille est celui que vous tenez du père. Le prénom répété à satiété à travers les générations ainsi que le nom sont un casse-tête pour les généalogistes, par double homonymie.
                         Sur les pièces d'état-civil plusieurs orthographes ou 
    variations phoniques  peuvent être relevées : Balestrière, Balestriero, Balestrieri. Il faut se faire à l'idée qu'aux siècles passés, peu de gens savaient lire. Or, l'employé de service interrogeait le citoyen qui répondait selon la question posée. Imaginons la scène :
    - Comment t'appelles-tu?
    - Balestrièrr (accent tonique sur l'avant-dernière syllabe, prononciation nouvelle pour le français de service)
    - Répètez, je vous prie!
    - Ba-les-trié-ro! (accent faussé par l'appui sur la dernière syllabe)
    - Tu es donc de la famille des Balestriero?
    - Non!... des Ba-les-tri-é-ri !(en italien la terminaison singulier "o" devient "i" au pluriel).
                    Cette plaisanterie coûtera très cher à Jean qui voulut s'aligner sur les "i". En France, cette altération est interdite. On considère que l'individu change de nom. Notons que pour les Di Costanzo, aucune ambiguïté, je n'ai jamais entendu Di Costanzi malgré les familles prospères. Par contre il existe un Costanzo, un Costanza (Roumanie). Rien à voir avec un dérivé de Constance, comme on serait tenté de croire. Costanzo est un lieu d'Italie confondu avec un illustre polyphoniste du XV° siècle. La préposition "di" indique l'origine équivalant à "from" en anglais.



    Photobucket(cliquez pour le plein écran)
            A quelques mètres des caveaux de la famille Balestrieri Angelo, il y a celui de la famille de Di Costanzo Jean-Baptiste. Ces deux noms sont liés sur terre et sous terre. Vous comprendrez pour quelle raison la généalogie cite ces deux noms comme étant indissociables. En même temps, vous conviendrez que les patriarches, maîtres des lieux,  ne lésinaient pas sur l'investissement. A Ischia comme à Philippeville, il en était ainsi. On honore les morts avec le plus grand respect mais on aime exhiber à travers le luxe des caveaux la réussite sociale. J'ai connu des gens modestes se "surpasser" pour les "trépassés" et posséder une tombe de riche. La présence d'un autel s'explique par le fait qu'aux aniversaires, un prêtre venait dire une messe sur la tombe jusqu'aux années 50. Sur les plaques usées par le temps on peut lire :
      Plaques de gauche :
     Di Costanzo Jean-Baptiste : mort à 79 ans en 1930. Parti de Barano d'Ischia à 19 ans, avec une seule chemise sur le dos,  il finit à la tête de trois propriétés et d'une famille formée de 3 garçons et 4 filles. Au moment du partage, ses biens se volatilisent sous ses yeux. Son plus jeune fils Pierre vient de mourir. C'en est trop. Il mourra non sans chagrin.
    Marie-Anne : épouse de Jean-Baptiste mourra en 1937 à l'âge de 75 ans. J'avais alors 2 ans. Travailleuse acharnée. Surdouée au stand du marché de détails. Sa jambe gauche la précèdera dans la tombe. Atteinte d'une artérite il a fallu la priver d'un membre inférieur. En 1956, lors de l'ouverture du caveau, j'ai vu une boîte en bois de forme parallélépipédique oblonque placée près de son cercueil. Quelle dignité! Quel courage!
    Madame Roch Balestrieri née Marie Di Costanzo : ma marraine. Beauté incontestable. Silhouette convoitée. Générosité. Sa classe lui permettait de s'intégrer dans tous les milieux. Morte prématurément d'une leucémie.
             Plaques de droite :
    Pierre : mort en 1927 à 30 ans victime de la grippe espagnole. Il laisse deux enfants en bas âge Jean-Baptiste ou "P'tit-Jean" et Yvonne. Clarinettiste dans le trio familial, il lèguera ses dons à son fils très connu des Philippevillois. Il faisait partie de l'orchestre Billardello (v. plus loin)
    Thomas : mort en 1933 à l'âge de 41 ans. Il laisse 5 orphelins. 3 filles et 2 garçons. Il tient le basson dans le trio. Prisonnier des Allemands au cours de la Guerre 14-18, blessé, il aura des séquelles. Il s'associera avec mon père Philippe (1894-1982), cornettiste, pour acquérir le Domaine de Saf-Saf.
    Talercio Brigitte née Di Costanzo : morte à 69 ans en 1954. Elle était l'aînée de la famille de J-B. Je l'ai peu connue. Son mari tenait une propriété à St-Antoine, village près de Philippeville.
                       Je rappelle qu'en 1956, lors du décès de Marie Balestrieri née Di Costanzo,  malgré sa capacité, le caveau était plein. Au moment de l'ouverture de la tombe, je jetai le regard alentour, pour lire la réaction sur les visages des membres proches: "A qui le tour?" me suis-je dit. Interrogation inutile : six ans après, l'histoire se chargera de trouver une place pour chacun, non pas concentrée ici mais éparpillée dans l'Hexagone. Exode, Exodus : éternel recommencement.
                        L'évolution des mœurs aurait permis de trouver encore de la place par la pratique de l'incinération de plus en plus courante. Forme accélérée de la formule rappelée lors du Mercredi des Cendres : "Tu es poussières...!."
                                -----------------------------------------------------
                         Commentaires.-
                    1°) Toussaint ou Trépassés? Aujourd'hui, 1er novembre, c'est la Toussaint. C'est l'anniversaire de mon beau-père Roger David, docteur en médecine (rendez-vous sur articles du blog pour + de renseignements).Une coutume veut que l'on aille fleurir les tombes. Une coutume malheureuse a fait que l'on confonde ce jour faste avec celui des Trépassés. Mais soyons objectifs: à un jour près, nous n'allons pas remettre en question cette commémoration tandis que le monde moderne banalise la mort. Je me souviens que le passage d'un convoi funèbre faisait l'objet d'un geste respectueux.  On marquait un temps d'arrêt équivalant à la minute de silence sur les stades. Or, aujourd'hui, bien que les convois soient annoncés par certaines presses locales, que fait le passant? Il continue sa vie comme si de rien n'était.
                     Les traditions : mai 68 a opéré de telle sorte sur les mentalités qu'on a tourné en dérision tout ce qui touche à la tradition. Il y a un côté positif en cela : tout ce qui se pratique par habitude finit par ne plus être ressenti. Le clergé vigilant s'en est aperçu. Il exige plus d'engagement pour le baptême ou pour le mariage. Qui oserait s'y opposer?
                   Par contre, les traditions constituent un rythme temporel indispensable pour tout peuple, même pour celui classé à tort de primitif. La vie deviendrait bien monotone sans la ponctuer de fêtes. De plus, on commémore pour ne pas oublier. Ainsi perçu,  l'homme présente de sérieuses faiblesses.
                   Perversion dans les traditions : le commerce se charge de vous rappeler les dates à inscrire à votre palmarès des dépenses. N'êtes-vous pas scandalisés de voir dans les rayons les fleurs du 1er novembre avec les jouets du 25 décembre. Au diable les marques temporelles.
                    Dans la religion musulmane, durant la période du Ramadan, période d'abstinence par excellence et période honorable pour ceux qui lui restent fidèles, ne voit-on pas se multiplier des rayons de gourmandises (makrout, zlabya...) à telle enseigne que certaines de mes connaissances m'avouent dépenser plus en alimentation qu'en temps ordinaire. Nous sommes loin des privations d'antan.
                       Traditions? Oui. Mais de grâce, ne soyons pas les otages des spéculateurs!

               


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :