• Laguépie - témoin d'urbanisation rurale=

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                        Observation du cliché et étude de moeurs La rangée de maisons, au fond, à l'orée du bosquet, c'est Saint-Martin-Laguépie dans le Département du Tarn. Elles sont  détachées des premières et séparées par le Viaur, frontière naturelle avec Laguépie dans le Tarn-et-Garonne. Au milieu du pont, en faisant un grand écart, vous avez un pied dans un département et le second dans l'autre, seuil de deux civilisations. L'une,  artificiellement rattachée au Tarn-et-Garonne par Napoléon en 1808, tournée vers l'Aveyron est formée d'une population qui a longtemps résisté à l'influence des envahisseurs. Certaines moeurs l'attestent, j'ai pris comme exemple un mets inattendu. En 1963, j'étais étonné de déguster de la charcuterie basée sur une seule épice, le poivre. Je la trouvais "saumâtre" par rapport à la "Charcuterie Parisienne" tenue par Monsieur Emery à Philippeville qui travaillait en étroite collaboration avec mon père éleveur. Il était d'origine Lyonnaise. Cette cité fut une  plaque tournante du commerce d'épices avec l'Orient. Ici, dans le village, on ignore même le boudin à l'oignon. Il est fait de sang, de gras....et de sel, sans plus;  mais il est sain. Je ne peux que louer ce désir de sauvegarder une tradition. Mon analyse porte surtout sur le fait que les épices n'ont pas dû atteindre cette région. Or, l'histoire nous apprend qu'on se battait pour elles. J'en déduis que les habitants ont vécu en autarcie, avec ceci d'honorable, ils représentaient l'Ancienne France et ses vertus, difficiles de trouver ailleurs. Une fois le pont franchi, c'est le Tarn, le Guépien garde ses distances avec son voisin immédiat. Ce département tourné vers le Sud a connu un développement différent de l'autre. Le temps a travaillé pour créer la scission.Je me souviens de cette soirée organisée avec les Jeunes du Collège, l'un d'entre eux refusait leur  présence dans le spectacle: "Ils sont étrangers..." disait-il. La mixture en milieu scolaire n'avait pas eu raison des us et coutumes séculaires. Aujourd'hui, je pense que tout s'est aplani! Ne perdons pas de vue l'adoption de toitures variées, tuile romane rivalisant avec l' ardoise...témoins d'une interpénétration de civilisations.
                    Réflexions : Regard sur les maisons agglutinées à l'ancienne et enclavées entre les reliefs.  Cette promiscuité se retrouve aussi dans les villages entourés de fortifications. Dans les anciennes villes, comment peut-on intégrer le foisonnement de véhicules tandis que ces rues  n'étaient alors que ruelles réservées aux ânes. Les maires perdent leur Latin à vouloir résorber la circulation de leurs ouailles.  C'est possible dans un village. C'est une prouesse dans une ville. Au mieux, pour vous garer, on désigne un contractuel pour fluidifier les stationnements par une réglementation draconienne. Pour ma part, le phénomène de société, l'auto, m'a fait perdre le plaisir de me rendre au centre d'une ville. Dans le passé, c'est en son coeur que régnaient l'animation et les rencontres. Ne disposant plus de liberté, je fuis. Voilà donc une dynamique bien comprise par la Grande Distribution qui vous accueille bras ouverts sur son parking, "dans un élan de générosité". Aujourd'hui pas de parking,  pas de commerce possible.
                                 Mais où est donc passée l'animation des authentiques agglomérations, ce,  du Moyen Age à nos jours?  Si la Grande Surface est généreuse aux heures de pointe, en contrepartie, elle ne vous offre que la froideur du béton aux heures de fermetures. Quoi de plus sinistre qu'une aire d'hypermarché désertée le week-end, dévitalisée, abandonnée avec ses chariots alignés ou entrelacés? Comme le chantait si bien G. Bécaud, "Que c'est triste Orly le dimanche!"  Ce jour-là, l'animation la plus agréable se vit dans les bourgs qui satellisent les mégapoles. Au pire, s'il vous arrive de traverser un village perdu et abandonné, les pierres sont encore là pour donner vie et vous parler de son histoire. C'est ce que l'on ressent en se promenant à Laguépie, exemple parmi tant d'autres villages de France. Ici, les emplacements réservés aux véhicules sont gratuits. Le temps de rencontre n'est ni compté, ni verbalisé. Cette liberté n'a pas de prix.

    NB.- Le bâtiment à g. surmonté d'une horloge est l'ancienne école et l'ancienne mairie. Les trois volets ouverts à l'étage témoignent de la présence du couple Di Costanzo qui a occupé l'appartement de fonction entre 1963 et 1966. Vous pouvez ainsi dater le cliché.


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