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    Rang du fond de g. à dr.  Rous Marcel (trompette), Rubio Adolpho (guitare) Mercadier (guitare) Regourd Luc (clarinette) Cajarc Jean-Louis (clarinette) Karabezian (batterie)
    Premier Rang Di Costanzo Gérard (piano) Maître Bournazeau (Basse) l'Abbé Bro (Ténor) Raucoules Claudie (Soprano)
                            Vous retrouverez sur le dérouleur de ce blog,  les noms des instrumentistes placés au rang du fond. Ils soutiennent le choeur. Le Groupe Vocal comprend Gérard, Ténor (au clavier), la main gauche, faute de contrebasse assure le tempo. Maître Bournazeau, notaire à Laguépie, originaire de Gaillac, fait partie de ces familles influencées par la culture du Capitole de Toulouse. L'abbé Bro, excellent Ténor léger doublé d'une anglophonie exemplaire - il était prof. d'Anglais à l'Institut de Montauban, fournira au groupe la couleur nécessaire pour être "In". Claudie Raucoules a épousé Marc Gayet (absent sur la photo : clavier). Ah! j'oubliais Mister Piano. Lui, il se charge de vous  raconter son histoire d'une façon originale...
                                                       Histoire d'un piano!
                         
    ou "Objets inanimés avez-vous donc une âme? Oui, celle de nos Racines.

         Je suis né de père et de mère inconnus. Mon nom est "Diézère". J'ai appartenu à Monsieur Viala, Proviseur au Lycée Luciani à Philippeville. En 1946, je fus acheté par Madame  Di Costanzo pour une somme plus qu'honorable. En ce temps-là, on m'appréciait bien plus qu'aujourd'hui (1). En entrant dans cette villa, Rue des Aurès, j'étais  malheureux. D'abord, je n'aime pas qu'on vende ma peau sans mon avis, mais plus vexant encore : sous le même toit, un autre piano me faisait concurrence, il me narguait avec son ancienneté, "Priorié aux Anciens" s'imposa-t-il avec autorité, il s'appelait "Henri Hertz". Mais il jouait faux! Si faux que je me mis à rire, mais à rire...! Ironie du sort, pour sa sonorité spéciale très chantante, il avait pourtant  servi en son temps à accompagner Madame André qui se produisit sur un chaland dans le port de Stora. Depuis, les "cordes vocales" l'ont lâché. Table d'harmonie métallique contre table d'harmonie en bois, il ne faisait pas le poids! Il fut donc obligé de se taire pour ne pas paraître ridicule. Sur mon clavier, la propriétaire Françoise se remit à jouer avec plaisir son air préféré " 1ère Valse" sur la Méthode Schmoll.  Sa position coutumière : "Elle jouait du piano debout".... Quant à son époux Philippe, cornettiste de formation, le dimanche il s'asseyait devant moi en reprenant les thèmes de polka ou de mazurka, ses mains calleuses d'agriculteur caressaient délicatement les touches. C'est alors que Gérard finit par comprendre qu'il fallait abandonner l'autre instrument, devenu obsolète,  pour ne plus me lâcher. Ouf ! Il était temps! Son jeu était bien timide au début.  C'est alors que cet été 49, il aura l'occasion de montrer ses limites face à une fille de son âge, plus talentueuse. A leur insu,  j'épiais le manège de ces  adolescents. Je vais être témoin d'une métamorphose complexe dont seuls les jeunes de leur âge ont le secret, elle sera déterminante.
    Jusque là,  lui se contentait de trois accords pour s'émerveiller. Mais le ver devint chrysalide puis papillon. Enfin! me voilà donc pris au sérieux! Pendant quelques mois de cette année 1950, Mademoiselle Budgéa offrit son expérience limitée aux notions élémentaires. Elle "tapait" bien sur le piano à l'époque du cinéma muet. La voilà au chômage! Ses cours auprès de Gérard furent vite assimilés. Le sérieux commença vraiment lorsque Madame Braka, née Coudenys, venue de Tourcoing à Philippeville démontrera que tous ces amateurs du clavier tapotaient, sans plus.  C'est à partir de là que j'ai le plus souffert. Ce Gérard se mit aux gammes quotidiennes de tierces et de sixtes, de six heures du matin à midi, sans relâche, pour reprendre les études techniques de l'après-midi au soir. Sans répit. Sans pitié. Sans compassion pour moi. Par contre, je lui dois de m'avoir tiré de ma somnolence. Il était fou! Il m'en a fait voir de toutes les couleurs. Une fois par jour, pendant une heure, surtout le matin,  il me désossait, il me mettait une barre de fer en travers des leviers de marteaux pour muscler  ses doigts, disait-il. Fou! Fou vous dis-je!  Complètement fou! Mais quel régal en contre partie.Il m'a fallu tenir le coup pour éviter de ressembler à "Hertz" délaissé par dégénérescence,  boudant dans son coin. Pour la première fois, le jeune  pianiste, devenu mon compagnon, utilisera toutes les possibilités sonores du grave au suraigu. De Chopin à Liszt, de Bach à Beethoven. J'étais fier d'accéder à cette virtuosité, à ce langage à la fois scientifique et sensible. Tout allait si bien. Trop bien. Le tortionnaire venait de se produire en public, deux mois avant, avec la "Polonaise "de Chopin. Pièce pianistique inspirée du schéma de l'Insurrection de Varsovie en 1848, transférée à Philippeville : ce 20 août 1955, soulèvement, fusillade dans toute la ville Il était midi moins cinq. La séance du matin s'arrêta net. Dès ce jour, j'aurai droit à une longue convalescence, le rythme de travail infligé commença à ralentir, j'en étais arrivé à être déçu..

      Je commençais à m'habituer aux maltraitances quotidiennes, au moins j'ai pu m'exprimer jusque là dans un registre soutenu.  Mobilisé, durant plus de deux ans, Gérard me laissa moisir dans mon coin. Inexcusable! Ingratitude! Rien de pire que d'exulter et aussitôt se terrer pour "ronger son frein". Tumescence puis détumescence, rude épreuve. Pendant des mois, j'ai ainsi vécu seul, laissé pour compte. Cependant, un brin de reconnaissance : je fis partie des meubles choyés lors du repli de mes propriétaires en Métropole. J'atterris donc dans une annexe d'élevage à La Farlède dans le Var. Entre veaux, vaches, cochons, couvées,  je retrouve ma dignité pour un instant. Gérard vient me secouer souvent pour sortir de la léthargie. Mais comme il m'agace quand il martèle le grave dans les Boogies-Woogies! Ah! Si j'avais pu connaître la douceur des mains d'une pianiste! Lui, il n'a aucune pitié pour ma fragilité!
                            Le 13 mars 1963, on me transfert à Laguépie. Eh oui! Mon acquéreuse m'a légué à son fils, le déstabilisateur. Une folie de plus : on me fait monter les escaliers de bois, à l'aide de palan, là-haut sous l'horloge, suspendu à un câble, faut-il défier le vertige?. Mais loin d'être abandonné, je vais animer tout le village au sommet du Puech.  Savoureux moments. En changeant plusieurs fois de domicile dans cette agglomération, je continuerai à subir les caprices du pianiste, mon guide. Je m'en glorifie. Coucou! Me voici sur scène... En 1972, mon complice muté à Verdun refuse l'appartement de direction au rez-de-chaussée et préfère celui du premier étage. Une fois de plus, je m'aperçois que les escaliers sont riquiqui, il me punit en m'offrant la place la plus humiliante, le débarras.
                             Période de renaissance, Albert, le frère du pianiste, a procédé à un ravalement, il était temps que l'on pense à mon état de santé. Mes dents d' ivoire jaunissaient, certaines étaient carriées. Ses enfants m'ont utilisé puis sa belle famille. C'est ainsi que je me suis payé des vacances près du Lac Léman.
    Mais mon complice Gérard me manquait.Françoise avait bien stipulé que je lui appartenais. Lâcheur!  Double ingratitude. Mon retour fut décevant : Un piano à queue Erard est venu me chipper la place de vedette. Lui, alors, il ne s'est pas gêné : il est si effronté qu'il occupe tout le salon Et moi, aujourd'hui,  je continue à vivoter chez les petites-filles de Gérard, surnommé le volcanique. "Bon courage mon cher successeur, un jour, tu seras comme moi, victime des caprices... du "pianoteur " Signé Diézère. Ne pas confondre avec Diésel !!!!!!

    (1)- Pour paradoxale que cela puisse paraître, acheter un piano au lendemain de la 2nde Guerre Mondiale, ne correspondait pas toujours à une nécessité artistique. La récession de cette période a atteint le moral des possesseurs de "liquidité". L'argent se dévaluait à vitesse galopante. Françoise venait de récupérer sa quote-part de la vente du domaine. Elle a vu son capital se volatiliser. Les pianos, eux, prenaient de la valeur d'année en année. Situation risible aujourd'hui où ils suivent le même déclin que l'automobile à l'argus.: le temps travaille contre eux. Aussi, j'ai été très heureux de satisfaire grandement ma maman quand elle me demanda combien mes cours m'avaient rapporté...Elle pouvait s'inquiéter : le seul résidu pouvant rester de l'héritage de ses parents agriculteurs, c'était cet instrument. Je comprends qu'elle m'ait encouragé à pousser les études pianistiques.Elle trouvait ainsi un prolongement heureux. Quoi de plus vrai Ce piano? Tout un symbole! Vous dis-je!                
                 


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  • Photobucket(cliquez, sur le cliché appartenant à Mme Di Costanzo)

    Au centre du cliché la professeure d'Histoire-Géo originaire de Bordeaux.
    4° rang du fond, de g.à dr. : 1°) Aye Marie-Claude  3°)  Jarry Françoise 4°)  Lepape Lano Nicole 6°) Lebry Line 8°) Marchand Nicole 9°) David Danielle ép. Di Costanzo.(a)
    3°) rang : 2°) Pépin Nicole 3°) Dumas Nicole 5°) Dupin.
    2°)rang : 1°) Sourdille Brigitte 2°) Chovard Jeanine 3°) Wahri (Nicole ?°) copine de Danielle 5°) Juillard (?) 8°) Bayet Martine 9°) Lebris.
    1°) rang : 1°) Maton Suzanne
                          Tenue vestimentaire :
    tout le monde est à la même enseigne. Le port de la blouse, cette exigence perdue, c'est regrettable, aurait pu demeurer le symbole égalitaire entre les élèves. Le Lycée Racine que j'ai superficiellement visité en accompagnant ma future épouse, recevait des filles d'Ambassadeurs ou de richissimes parents. Elles se rendaient à l'établissement en luxueux manteaux de fourrures : rang social oblige.
                               Classes trop exiguës. Porte-manteaux dans le couloir. Question d'hygiène. Que de prétextes! Au cours de ma carrière, j'ai eu droit à la même situation.  Pendant les cours, ces lycéennes de milieu favorisé se faisaient subtiliser l'objet de convoitise par d'audacieuses élèves lesquelles franchissaient la sortie le vêtement sur le dos, et cela avec un toupet indécelable, à la limite de la provocation.
    Avis personnel :  au cours des années sixties, j'ai essayé de réintroduire la blouse à l'école. Certaines réticences m'en ont vite dissuadé. Il est vrai que lors de ma scolarité,  la distribution d'encre en bouteille munie d'un bec verseur pouvait souiller  les vêtements au passage, ne serait-ce que les miettes de pierre violettes à dissoudre devenues indélébiles sur le vêtement . Le  bic  et le stylo à cartouche ayant pris le relais, au même moment où disparaissent les buvards, plus de salissures,  il a donc semblé inutile d'imposer l'uniformité  à toute une classe. Ce n'est pas convaincant, avouons-le. On se prépare plutôt à rejeter toutes sortes d'uniformes jusqu'aux soutanes de religieux. Pourtant face aux heurts idéologiques ou confessionnels, le port de la blouse à l'école aurait pu rendre aux responsables la tâche plus facile. Quitte à ne pas choisir comme ici au Lycée Racine, la magnifique couleur blanche à mon gré trop salissante, on se croirait en classe de Laboratoire de Chimie ou bien dans une Ecole d'Infirmières. Je ne comprends pas que depuis plus de quarante ans, le  Nivellement-Egalitaire maladroitement appelé Laïcité, ait renoncé à cette solution pratique, qui, en plus, protégeait de toute souillure  l'habit de ville auquel on était attaché. Jupe, jupe plissée, jupe moulée, jupe cloche, jean, pantalon ou  ré
    robe...décolleté ou pas, obèse ou anorexique, taille mannequin, tenue vestimentaire provocatrice ou réservée.. qu'importe puisque les voilà toutes moulées dans l'uniforme! Au diable les complexes! Au diable les comparaisons! Elles sont déjà suffisamment lourdes à supporter dans la notation relative du prof. L'Etablissement est un lieu de travail mais non de provocation! Et selon le concept Antique, elle peut se situer sur trois degrés: le bas-ventre, la poitrine et le cerveau...CQFD.

    (a)- Mon épouse m'a dicté les noms en se référant aux signatures individuelles du verso. En essayant de faire correspondre nom et visage, 50 ans après, il se peut qu'une erreur se soit glissée : à vous de m'en faire part pour la réparer, ceci serait profitable à tous.
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                    Commentaires
    Mon beau-père, le Docteur Roger David  (1910-1982) a exercé à Argenteuil de 1939 à 1963. De son vivant, il m'a fait part des griefs  envers le Ministère de l'Education Nationale  pour les raisons qui suivent : au cours des années 50, la banlieue Parisienne était loin d'être pléthorique en Lycées. Soyons indulgents, le pays sortait tout juste de la 2nde Guerre Mondiale, il se reconstruisait. La Capitale centralisait d'excellents professeurs mais certains d'entre eux  ensivageaient surtout d'écrire un "bouquin" (dixit Roger), et faisaient passer la pédagogie fastidieuse au second plan. Jeune,  il avait obtenu avec succès son Bac Mathélem. dans l'Indre, il aurait souhaité que ses enfants puissent bénéficier de la même qualité d'enseignement. Il fallait donc qu'ils quittent le domicile tôt le matin. Pour Danielle, mon épouse :  rude épreuve que le trajet quotidien  entre la Gare d'Argenteuil et la Gare St-Lazare, départ tôt le matin et  retour le soir. Il en fut de même pour les garçons, au Lycée Condorcet. Après une journée continue au sein de l'Etablissement, l'effectif plus proche de 40 que de 35,  il arrivait qu'il faille écrire sur ses genoux, faute de places assises. Après une journée dans un tel "confort",  il fallait être disposé pour faire le travail du soir qui se terminait à des heures indues, puis enchaîner la journée le matin aux aurores. Prendre le bus puis le train...Ce sont les conditions les meilleures pour rendre les études agréables!!!... Encore si l'on avait pu disposer de compartiments avec aisance, le lycéen aurait pu finir de réviser calmement ses leçons! J'ai vécu intensément ces bousculades lorsque débarquant de ma ville natale si paisible, Philippeville, je me suis vu au milieu de cette marée humaine dont le seul but était d'éviter le retard! Ouf! Par pitié! Ils sont fous  me suis-je dit. Compensation : Rue de Rome,donc rue du lycée, s'ouvrait le Paradis : les pianos à queue les plus tentants. Là, il me semblait retrouver mes "Racines". Il m'est arrivé d'exulter en passant d'un instrument à l'autre devant la commerçante médusée, disons amusée par mon enthousiasme débridé.Véritable contraste avec ma vie si lointaine.
                     La Nouvelle Carte Scolaire .Sous la V° République,  la Carte Scolaire va combler ce déficit en Etablissements de Banlieue. Force est de constater que cette politique se fera au détriment des petites unités Rurales qui vont subir le  balayage que nous connaissons. Certes, la Fonction Publique doit être au service du public. L'exode rural avec des structures atrophiées mène à l'asphyxie des petites communes; et, fait acquis, les structures s'installant là où se concentre et s'agglutine la Masse Humaine, nous voilà dans un scénario à débats sans fin.(v. plus loin mon analyse sur le C.E.G. de Laguépie)


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