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       1°) Françoise à 8 ans 2°) à 16 ans    3°) à 21 ans   4°) à 64 ans. n°5- 69 ans, marquée par la maladie,
    Observation des clichés: on pourra noter qu'à tout âge, Françoise conservera une chevelure intacte. Absence de cheveux blancs. Pour cela, elle n'utilisait aucun produit capillaire vanté dans les pages publicitaires. Comme sa maman, Philomène, le seul traitement qu'elle adoptera sera de se peigner en trempant le peigne dans....la vinaigrette (vinaigre de vin rouge) : traitement suivi de shampooing! Quelle salade! Mais quel résultat!
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    Françoise Di Costanzo née Balestriero (1901-1971).-Lorsqu'une mère a aimé ses enfants comme ma maman, la perdre n'a rien de pire, il en est de même pour une mère qui perd un enfant. Alors faut-il renoncer à aimer pour nous épargner de vivre ces intants tragiques?  Je crois bien que supprimer l'amour ici-bas, c'est vivre l'enfer. Comme disait Pascal, ne cherchez pas où se situent le Paradis et l'Enfer, ils sont là, autour de vous. Jamais je n'oublierai l'ultime instant où Françoise, ma maman, a eu son dernier soupir.

                          La dernière année, elle avait un teint rose, si rose que mon beau-père médecin ne croyait pas qu'elle ait le cancer. Au cours de sa longue carrière, il n'avait jamais vu une telle évolution de la maladie. Pourtant, sournoise, implacable, l'échéance ne tarda pas à arriver.
                          Il est midi. L'appartement où la patiente a sombré dans l'inconscience se situe à Toulon, Boulevard Georges Richard en mitoyenneté avec l'Eglise de la Loubière. Ordinairement, les touristes affluent dans le Second Marseille. La ville grouille de monde plus que d'ordinaire. Je suis chargé d'aller faire provision de pain en prévision d'éventuelles visites: les pronostics médicaux sont pessimistes . Je cours dans les rues à la recherche d'un boulanger, j'en ai passé une bonne douzaine. Tous fermés pour congé annuel. Atroce. Révoltant. Comme si un viticulteur, au moment de vendanger, laissait la vigne sur pied pour prendre ses vacances. Outré, j'ai la chance d'en trouver une d'ouverte. Elle est prise d'assaut. On y fait la queue comme pendant la Guerre. Je regarde sans cesse les aiguilles de ma montre, les minutes paraissent des heures...Pestant contre cette situation, j'ose exprimer ouvertement ma révolte:
    - "Honteux, madame, avec tant de touristes, les boulangers ferment..."
    - "Vous savez ce que c'est le fournil par cette chaleur?..." me lança-t-elle solidaire de la corporation.
    - "J'imagine. Mais dans ce cas, on va faire autre chose" Ai-je répondu sèchement.
                                A ce moment-là, tout se brouille en moi. Les journées en Algérie avec 42° à l'ombre. Les fonderies avec des températures d'enfer....Mais surtout les minutes qui me sont comptées. Ma maman pouvait expirer d'un instant à l'autre sans que je sois à son chevet. Je l'avais quittée pour partir à la recherche alimentaire, je m'en voulais de ne pas être présent jusqu'au bout. Nous, quatre enfants, nous lui avons tenu chaleureusement la main. Elle sentit la chaleur des siens avant de les quitter. Récompense suprême pour un Départ Définitif. Là, il y a débat. L'inconscient, le subconscient que de grands mots. La communication par la peau reste un mystère mais il est convenu qu'elle apporte du bien-être, ne serait-ce par la détente des traits du visage du patient. Le ressenti prend l'ascendant sur le rationnel.
                             Me voici de retour à l'appartement, fier d'avoir enfin trouver mon pain. Sans avoir eu le temps de dévisager l'expression de l'entourage, Aimé, mon frère aîné, m'accueille sur le perron avec ses mots assassins, dramatiques, irréels qu'on ne peut accepter:
    - "Ca y est!
                             Double révolte. M'insurgeant contre les boulangers, contre la Mort, contre tout et  contre rien. Impuissants que nous sommes dans une telle situation. Il faut se résigner. C'est la loi universelle. Universelle dites-vous? Pour les autres, mais pas pour moi. J' "engueule" le curé de la paroisse qui n'y est pour rien. Je me le reproche. Je pense aussitôt qu'il doit être bien caparaconné et habitué d'être injustement agressé au téléphone.
                             A travers ces propos, ne croyez pas que j'étais une vieille croûte de célibataire, dépendant encore de mes parents. Depuis une décennie, mon poste de fonctionnaire se trouvait à 500 km. de là. Mon émancipation date de l'armée. Le mariage avait accentué l'écart affectif.  Le sentiment sain entre un fils et sa mère ne fait qu'ajouter à l'affliction car c'est un amour désintéressé, le véritable. Et il convient de rappeler que bien des années après, une maman, celle qui vous a mis au monde ne peut s'oublier. Ou alors il faut se faire soigner...J'ai souvent remarqué que quand on aime sa mère, on aime la vie, on aime le monde. Mais quand on déteste sa mère on en veut à la vie, on en veut à tout le monde. C'est à chacun de se situer..."Libres-Propos"-
    Gérard.
                    P.S.- Coïncidence, aujourd'hui, c'est la Ste-Marie-Madeleine, prénom de ma soeur. Remarquable jusqu'au bout, elle assistera notre maman avec une présence constante, soutenue et efficace malgré les charges professionnelles exigées par ses responsabilités de cadre à la Banque.


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    Roch Balestrieri (1892-1882), oncle de ma maman, frère de Jean (de Constantine pour ne pas confondre avec Jean de Philippeville) et d'Archange Fiorentino. Celle-ci gagna le Gros Lot de la Loterie grâce à la chance de son fils Albert.(v. plus loin )


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              Marie Balestrieri
    née Di Costanzo, épouse de Roch


    Quoi de plus banal? Une façade de maison rurale? Une treille de raisin collée au bâtiment? Un cliché médiocre? Certes, il l'est :  je l'ai extrait d'un film 8mmm. Les deux silhouettes sont celles de Di Costanzo Robert (fils de Thérèse) et Balestrieri Ange dit "Lolo" (fils de Marie) donc deux cousins germains par leur mère. En 1979, le désir de retourner aux sources a été très fort. Instant d'émotion pour Ange qui a grandi ici. Cette propriété la dernière de l'Oued Louach avant la forêt a appartenu au père de Roch Balestrieri.(1) Ce dernier en a hérité. Son frère Jean  et sa soeur Archange (devenue Fiorentino) iront s'installer à Constantine comme mandataires en Agroalimentaire. Roch a épousé Marie Di Costanzo soeur de mon père. Ce couple me parrainera. Voilà donc pour la petite histoire.

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                                   ( vue partielle de la propriété de l'Oued Louach de Roch investie depuis 1962 par les Arabes)

    Nous sommes en novembre 1943. L'aviation Allemande pilonne le port de Philippeville plus que jamais. Notre quartier Rue des Aurès se trouve de plus en plus exposé. Il est temps de le déserter. Ma famille se réfugie donc sur la propriété vinicole dont il est question sur le cliché. Sur les lieux s'est concentrée une véritable colonie. Se sont repliées les familles Simonneau Lucien (boulanger), les Di Costanzo Philippe (mon père avec ses 4 enfants), Djennar, D'Ambra le gérant...l'espace est grand pour accueillir toute cette smala. L'ambiance du dimanche dans la grande salle ressemble à celle d'une auberge : des tables sont mises à la disposition des joueurs de cartes. Les figurines ne sont pas celles de la belote, elles sont Espagnoles. On entend crier dans cette grande salle commune ;" Ronda, tringla, schcarte, stou Bastoun..." . La " Partie de Cartes" de Pagnol n'est qu'une parodie comparée à ces rencontres passionnées. Tout l'éventail des signes proscrits sont adoptés par les joueurs... Les appels du pied, les clins d'oeil ...font courir le risque de confrontations verbales parfois violentes..On le sait, mais on continue...Ces passions laissent des séquelles vindicatives. "Balancer" les cartes au visage des autres n'est pas l'apanage de nos héros Marseillais. Souvent, les parties prennent  mauvaises tournures voire blessures. Mais le week-end suivant tous les griefs sont oubliés...
                    Lucien Simonneau, à l'aide d'un laissez-passer, parti le matin tôt dans la nuit pour assurer la fournée revenait dans la journée avec quelques baguettes sous le bras, trognons coupés pour  les interdire à la commercialisation. Les cartes de ravitaillement lui imposaient une vigilance pour être en règle auprès des nombreux contrôleurs qu'il rencontrait entre sa boulangerie près du marché de détail et l'oued Louach, situé à plus de 3 km. En  période de restriction, il est bon de vivre à la campagne. Papa avait pu obtenir un sac de farine de maïs comme ressources pour faire face à un imprévisible évènement.  
                    Les fermes de l'Oued Louach, si proches de la ville n'avaient pas d'électricité. Aussi, chaque soir, une lampe à carbure accrochée au mur servait à éviter la totale obscurité. Cette odeur acre caractéristique  emplissait le petit appartement. Les bougies, les lampes à pétrole, c'était pour les grandes occasions. Nous subissions le temps. Les soirées d'hiver paraissaient plus longues.
                    Puis, tout à coup : "Alerte". Bien rôdé, notre repli vers la cave (flèche verte sur la photo) se faisait sans précipitation. Nous connaissions le délai entre la sirène et le piqué des chasseurs Allemands. Un soir, le délai fut si court que Monsieur d'Ambra se laissa surprendre par un magnifique clair de lune, l'ennemi a frôlé la maison, il n'eut qu'un réflexe : celui de sauter le mur haut d'un étage. Nous voilà donc tous blottis les uns contre les autres assis sur un banc. Savez-vous où? Sous les cuves à vin. Hors saison, cet endroit ne pouvait être mieux choisi : la cave était enfouie aux trois-quarts sous terre, seul l'immense portail que vous voyez sur la photo servait d'issue. La protection face aux éventuels projectiles était rassurante. Mais imaginez qu'une bombe vînt à tomber en période de vendanges. Nous serions tous morts ivres,  baignant en extase éthylique. En état d'ébriété, nous n'aurions vu que... le Nirvana....
                 Des avions de reconnaissance volaient bas pour ne pas se faire repérer par les radars. Ce jour-là,  l'un d'entre eux est venu photographier l'immense bâtisse suspecte qui ressemblait plus à une caserne qu'à une villa de particuliers. Le soir même, nous eûmes droit à un chapelet de bombes cernant la maison. Une seule n'explosa pas. Je vois encore ce trou oblique sans fond,, de faible diamètre s'enfoncer, au point que l'engin explosif était difficile à déceler. Rude tâche pour les spécialistes dépéchés sur les lieux pour le désamorcer.
                A chaque alerte, le même rituel. A travers les boums des bombes, des D.C.A. les pétarades, les crépitements des mitrailleuses, ma maman très dévôte, statue de la vierge à la main signait l'espace de multiples croix. En bonne Napolitaine habituée aux verbes choquants, elle passait sans transition d'un registre à l'autre. Lorsqu'une bombe proche  éclatait,  elle lançait en serrant les dents et en défiant Lucifer :" E corn'ou diabl'" et " E guidé mourte". Lorsque le court silence intermittent régnait, plus résignée, elle s'adressait avec ferveur à Notre-Dame de Lourdes. Parfois les invocations opposées se rapprochaient tant que je les confondais. Dans ce concert cacophonique pour ne pas dire bor.....lique, désarmée,  l'assistance,  loquace pour vaincre la torpeur, était frappée de mutisme lorsque les choses devenaient sérieuses. Seule la voix de maman résonnait avec plus de force.  On sait qu'une bombe qui vous est destinée ne siffle pas, elle vous anéantit sans vous avertir. Suspens! Tension extrême!
              L'alerte est finie. Aussitôt, nous ressortons heureux d'être vivants. A la période de tumescence succède la période de détumescence. L'hilarité nous gagne. Rires nerveux. Rires heureux. Ca y est le soleil commence à poindre à l'horizon. Le jour se lève. La nuit a été courte, très courte. Il faut penser à rester lucide au cours de la journée....Mais voilà une période où l'école va nous manquer. Souvenir d'enfance.            .
                                  (photo tirée du même film en 1979)
    A droite de l'appartement principal occupé par Roch et Marie, on pouvait  bénéficier d'un  plus petit et plus modeste (flèche). Espace suffisant pour mettre à l'abri ma famille
    (1)- Roch Balestrieri (1992-1882) ci-dessous. Il s'est marié en 1920 (14 août) à Philippeville avec Marie Di Costanzo (1900-1956). Tous deux furent mes parrain et marraine. C'est dire combien mes parents estimaient le couple. Evidemment, Roch étant de la famille de maman et Marie de celle de papa, le lien familial se trouva renforcé. Dès 1927, date d'achat du premier véhicule de mes parents, on ne voyait jamais l'une des automobiles sans l'autre. Elles se suivaient partout (sic maman).
    Portrait.- Taille: pas très grand. Je persiste à croire que pour la longévité c'est une garantie. Voix voilée. Cigarette consumée collée aux lèvres. Démarche, gestes nerveux. Séducteur élégant comme beaucoup de Balestrieri. S'intégrant aussi bien à la ville que dans les champs. Le dimanche, "il faisait les arcades" avec un autre agriculteur de Damrémont, son complice, non moins élégant, ganté de blanc, messieurs!. Il s'agissait de Monsieur Fernandez, père de Jean-Pierre, mon copain de classe.  Lorsque Roch menait sa "conduite intérieure", moi passager arrière de 8 ans, je l'observais : sur le volant, il écartait énergiquement et sans cesse ses dix doigts,  geste de nervosité que je n'arrivais pas à décrypter. Tous les soucis devaient défiler dans sa tête, à mon âge, je  le comprends mieux aujourd'hui.


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  • Photobucket  Une suggestion : pour ceux qui aiment les reliefs, pourquoi ne pas choisir ce cliché inédit comme fond d'écran?
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    Je ne m'écarte pas du Centre d'Intérêt. Ce cliché rappelle que le 13 juillet 2007, c'est-à-dire demain, Georges Noïque me terrassait en annonçant le décès dans la nuit de son épouse Jeanne-Marie (surnommée Jany) née Buono. Il était 9h.30 du matin. J'étais au balcon d'une maison surplombant Cordon - au premier plan-. Nulle part ailleurs, j'ai pu bénéficier du recul pour apercevoir en même temps l'Aiguille du Midi et le Sommet Alpin. C'est sous forme de dédicace que je publie ce cliché que j'ai pris lors de mon séjour en ce lieu sublime. Il fait partie du fond d'écran sur tous mes ordinateurs. La superposition de plusieurs plans distincts et contrastés par les couleurs constitue, me semble-t-il, un plaisir des yeux. Il ne faut surtout pas bâmer l'homme , comme agent destucteur de la Planète, il sait aussi s'intégrer dans le paysage, voire le revaloriser. Toujours excessifs, les Media auront-ils un jour le sens de l'objectivité? Ici l'alternance du jeu de Dame Nature, le Mont Blanc- symbole d'Eternité et du joug de l'Homme Nature,  symbole de fragilité - semblent se combiner harmonieusement.
             Nous pouvons observer que dans l'ensemble, l'architecture des montagnes s'intègre mieux au paysage que celle relevée sur la Côte d'Azur, dominée par l'anarchie de tous les styles, sans en adopter un seul qui  pourrait caractériser le paysage Méditerranéen.


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    (cliquez 2x pour le plein écran)
         Date de naissance sur les deux clichés : 1938-1939-1940.
         Que vous ne soyez pas concernés directement ou indirectement m'étonnerait...

                                      UNE REEDITION NECESSAIRE.

    N.B.- Cette photo maintes fois divulguées sur mon blog n'a jamais pu paraître normalement. Mon hébergeur défectueux la rejetait ou la présentait à une échelle trop petite.
    Nous sommes en 1949, sur le parvis de l'Eglise St-Coeur-de-Marie, à Philippeville. Voilà tout juste quatre ans que la Guerre est finie. On a l'impression qu'elle n'a pas eu lieu. Pourtant, ces filles sont nées peu avant ou au moment où le conflit commençait. On reconnaît çà et là, Buono, Farrugia, Poupeney (photo ci-dessous),Taormina, GamarraBuob, Monti, Di Costanzo Marie (1938-1997), ma soeur, indiquée d'une flèche. Et tout au fond à g. devant la porte,  à droite de la dame au grand chapeau, l'organiste titulaire, Madame Martin (?). Je suppose que vous êtes concernés (ées) directement ou indirectement.
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    (cliquez 2x et vous verrez par agrandissement chacun des visages plus nettement)
    1950.- Un an après, beaucoup d'entre elles renouvellent leur communion. Rappelez-vous, avant l'instantané du Photographe Moretti, à Midi les cloches sonnent à toute volée. Avant l'heure de la canicule,  l'agréable brise à la sortie de la cérémonie. Quel délice!
    La joie se lit sur les visages. A cette époque, on disait que la fille de cet âge était encore innocente. Ce  rituel annonçait le franchissement vers l'autre vie: de la puberté à la pré-adolescence, puis succèderont  l'adolescence et l'âge adulte. La jeunesse semblait durer. Aujourd'hui, ne dit-on pas : "Il n'y a plus de jeunesse..." Modérons-nous, déjà au temps de Platon,  elle n'avait pas grand'chose de différent, gardons-nous d'une analyse précipitée. Seul changement : l'éveil dû au progrès de l'information affecte l'innocence tandis qu'anciennement elle paraissait mieux protégée.Ce qui développe une "Génération Spontanée". On grille trop vite tous les plaisirs!


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  •                             En l'honneur de l'auteur de la Généalogie familiale.


     A Philippeville en ce samedi 6 janvier 1946, à 15 h., on s'affaire fébrilement : les préparatifs ont commencé bien avant l'heure. Roger Balestrieri  va s'unir à Germaine Di Costanzo. Evènement qui marquera la famille.
               Pour la petite histoire, les deux protagonistes se connaissent, ils se connaissent même très bien. Leur enfance s'est déroulée sur un  terrain commun : le domaine de Saf-Saf.  Lorsqu'il pleuvait, Philippe leur oncle, mon père, se transformait en animateur de "Jardin d'Enfants". Il confectionnait des instruments de musique à vocation différente : percu ou castagnettes, peigne musical.... tout ce petit monde autour de la table essayait de suivre le chef d'orchestre. L'ambiance ne pouvait que consolider les liens familiaux.
              Roger, tout juste âgé de 16 ans, prend en main le domaine quand  Philippe est resté deux ans alité. Ursule, épouse de Thomas défunt, la maman de Germaine s'y est aussi mesurée. Voilà donc le décor planté pour établir les assises du couple.. Roger n'a pas le temps de penser aux amourettes ; si ! encore ado, il vient chez sa tante Françoise, se met au balcon à rêvasser en chantant avec nostalgie "C'est le chant d'un Gardian qui s'attarde..." Je l'écoute, je l'observe. Il rêve, vraiment, il rêve à ...c'est son secret . La Seconde Guerre est déclarée. Le voilà au front, le voilà à Cassino. Elle, infirmière, a perdu de vue Roger. Leur jeunesse paraît lontaine. Quand on revient de l'enfer, on remet tout en question. La Sagesse veut qu'on ne pense plus à soi. La Richesse veut que ce qui prime sur tout, c'est fonder une famille. Pour cela, il faut une valeur sûre. La guerre a dévoilé tous les vices. Le refuge c'est celle  qui va se montrer capable d'aller dans le même sens.  L'exemple puisé autour d'eux, les références  dont on s'inspire ne permettent pas de se hasarder avec quiconque. Germaine Di Costanzo et Roger Balestrieri. Que chercher de plus? L'esprit de famille va les souder plus encore, au point que le Père Jean Balestrieri qui a confié la gestion des biens, voit son fils privilégier son couple. Il lui échappe. Que voulez-vous, mon cher Tonton, quoi de plus précieux que l'Amour dans un couple? Rue Nemours! Rue Nemours! Certes, vous l'acceptiez mal. Mais le droit d'aînesse tel qu'on le concevait voulait que l'on sacrifiât l'essentiel, voulait que l'on tombât sous la dépendance totale du patriarche. Les mentalités ont évolué, ce n'est pas un mal. D'ailleurs, d'en-Haut, si vous faites le bilan, que reste-t-il des biens? Si vous faites le bilan, observez votre génération nouvelle! Ne vous plaignez pas mon cher tonton, Roger était à bonne école avec son oncle et père spirituel, je veux nommer mon père Philippe. Dans votre for intérieur, vous le saviez. A vrai dire, vous l'enviiez. L'oncle commun aux deux mariés, d'ailleurs, applaudira des deux mains l'union des deux êtres. Protecteur de ses neveux et nièces depuis le décès du père, il n'a pu honorer son contrat jusqu'au bout. Le voilà donc plus que satisfait de cette union.
                        Le couple vient de passer devant le maire. On l'attend à 18h. à l'église. C'est encore Philippe, l'oncle de la mariée qui accompagne sa nièce à l'autel, orpheline de père. Les trois cloches sonnent à toute volée. Elles sont capables de transmettre la joie comme la tristesse. Aujourd'hui, tout le monde est en liesse. La cérémonie, comment s'est-elle déroulée? Je ne m'en souviens plus. J'avais 11 ans. Séance chez le photographe. Attente. Rendez-vous au "Château Vert" pour la noce.
     (
    ci-dessous, photo prise par Claude Bouchet en 2002, il porte toujours le même nom).


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    Photobucket(cliquez 2x pour l'agrandissement plein écran des deux clichés)
        
    (Photo des années 50, sous les baies du Château-Vert, la plage, seule la route de Stora est à traverser pour aller se baigner. Au bout, le toit à deux pentes est celui du Casino-dancing, bâti sur piloti pour être plus en contact avec la mer)             
    Il est tard. J'ai faim. Au pied du réputé Hôtel-Resto, monté sur pilotis en bois, au-dessus du sable, un stand de vendeur de frites, dis-je de chips fraîchement laminées, offertes dans un cornet adroitement façonné. Il est là pour les baigneurs en hypoglycémie ou simplement pour ceux qui ont un creux à l'estomac. L'odeur alléchante mêlée à la brise marine, voilà ma tentation. Je le regretterai. Le cornet tentateur va me couper l'appétit. Il est grand temps de rentrer pour festoyer. Spectacle grandiose. 120 couverts. Table nappée de blanc couvrant la longueur de l'immense salle. Au milieu des langoustes dos à dos, donnant l'impression de n'être qu'un seul crustacé géant. Les plats défilent sous mes yeux. Les meilleures préparations du coin   honorent le patron Monsieur Fasullo. Rien, mais rien n'arrive à me tenter. Quelle absurdité que de s'être laissé prendre par l'odeur du stand en bas. Une satisfaction : le dessert, mon point faible. Avant la fin du repas et pour faire patienter l'enchaînement des mets, l'orchestre Albanez, lance un Paso Doble. Comme d'habitude, les orchestres m'attirent. Le chef, un trompettiste, de type sanguin, lorsqu'il souffle son visage rougeoie au bord de l'éclatement, ses lèvres blanchissent. Bizarre! Jean Balestrieri a voulu que cette noce puisse marquer le retour de ses deux fils- Roger et Pierre- d'une guerre qui laissait peu de chance de les voir revenir vivants. Mais, il fêtait aussi sa réussite professionnelle. Il venait de faire un bond prodigieux grâce au commerce d'agrumes.
                       Le dessert terminé, la pièce montée démontée, le champagne à flots, on range les tables sur les côtés et  place à la piste de danse. Ouverture du bal marquée par la traditionnelle valse des mariés. Les yeux rivés sur les personnages centraux, c'est l'instant où l'on dévoile les habitués ou non de la bamboula. Puis, succèderont Boléro, Rumba... Les plus habiles sont les femmes. Francette Fiorentino arrive à se faire remarquer en ajoutant un jeu de chevilles. Héberlué, je les regarde fixement se disloquer au rythme syncopé. Cette séquence se prolongeant interminablement finit par lasser le gosse que je suis. Comme il se doit, le court répit à chaque changement de série de danses programmée par les musiciens, le brouhaha des convives se mêle au ressac de la mer toute proche.Une chambre à l'étage a été retenue pour ceux qui veulent se détendre ou se changer. C'est alors que je découvre que le monde des adultes dans les coulisses joue son jeu. Les uns découvrent l'âme soeur, les autres dénouent avec l'âme soeur...Gamin, je me résous à garder mes distances. La piste sera occupée jusqu'aux aurores. Tombant de sommeil. On me réveille dans la chambre pour rejoindre mon domicile. Jean a bien fait les choses. Il a mis à notre disposition sa "15/6 Citroën - traction avant". Arrivée, Rue des Aurès, maman  n'a plus son sac à main. Elle se rendra compte que distraite ou gagnée par la fatigue, elle l'a posé sur l'aile de l'auto....Qu'est-il devenu?...
                      C'est dimanche, on me réveille. Comme d'habitude je me lève pour le petit déjeuner. Tout le monde se rit de moi. Je me rends au balcon. Ebloui par un soleil qui n'a pas voulu m'attendre, je prends conscience que pour la première fois je ne me suis pas levé à 8h. La ville brille de mille feux. Il est midi passé. C'est l'heure du déjeuner. Je viens de passer ma première nuit blanche et me réveille dans une semi-inconscience. (Souvenirs d'un bambin).
                    Le nouveau couple s'installera au Beni-Melek sur la propriété acquise par la remarquable Grand-mère Philomène. Les deux nouveaux mariés auront beaucoup d'enfants. Des enfants nés dans un nid douillet grâce à l'harmonie du couple. Gérard.
                 


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