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                      C'est ici que se sont fixés les souvenirs les plus marquants depuis ma première enfance à l'âge adulte.Souvenirs simples mais riches en couleurs. Ne sont-ils pas inoubliables? Le tout est de sonder le passé. Le reste suivra. Plus on creuse, plus on s'étonne des réminiscences soudaines. C'est ici aussi que je découvris l'effet d'optique des distances. "Imperfection des sens". Gamin, la distance entre ma villa et le djebel Skikda paraissait très lointaine. Rectification une fois atteint l'âge d'adulte.

    1°)-  Trace de vignoble.Au tout premier plan, un terrain en ondulations. Elles témoignent de la présence d'un vignoble disparu ou piétiné, donc récemment abandonné. Le propriétaire Monsieur Di Meglio aura maille à partir pour défendre sa terre tandis que l'exode commence à envahir sa propriété. Les dernières images que je garde de lui lorsque j'étais encore bambin sont celles d'un couple désespéré, soumis à l'impuissance pour lutter contre i'irréversible : l'arrivée massive d'une population rurale attirée par la ville. Aucune structure pour l'intégrer dans la vie citadine. Et ce dès 1944. Auparavant, les Portes des Aurès, de Stora, de Constantine faisaient de ce viticulteur un des rares privilégiés au titre de propriétaire Intra-Muros. Ses récoltes étaient ainsi protégées. Ce n'était pas le cas des Extra-Muros, comme mes grands-parents soumis à des agressions nocturnes permanentes. Son domicile, déjà présenté (v. plus loin) se situe à g. la première avec toit rouge.

    2°)- Terrain de jeux. Que de bons moments!  Terrain tout en longueur. Trop étroit pour être homologué, on se servait de la pente pour feinter l'adversaire, la balle revenait d'elle-même dans l'aire de jeu. Copie du "Jeu de Paume", Plus adaptées à une partie de pétanque qu'au ballon rond, ces rencontres faisaient la joie des jeunes désoeuvrés. Par la suite, aucun architecte pensera à sauvegarder un espace ludique, seul capable d'éradiquer l'agressivité. De mon balcon (v. photo jointe) dominant la scène, je pouvais relever les différentes phases de jeux. Les confrontations souvent passionnées traînaient en longueur.  Pas de chrono. Pour la mi-temps, sans répit, sans contestation,  on décidait de procéder au changement de camp . D'aucuns profitaient d'un instant d'inattention pour rétrécir ou élargir les camps  selon l'appartenance: il suffisait de pousser le vêtement de marquage au sol. Sans maillot pour distinguer les équipes, Il me fallait un certain temps pour les identifier. Pas de coup franc. Véritable champ de bataille. Seul le penalty servait de sanction. La présence d'un arbitre paraissait ici inutile. On appliquait les règles d'une façon fantaisiste. Peu importe,  on jouait, on se défoulait. Le plus souvent, la balle tombait dans mon jardin. Il fallait me dépêcher de la récupérer car de mon côté l'engouement était communicatif, il n'était pas question de perdre une seconde."Gira, l'Ballou" (trad. Gérard! le ballon). D'un geste, on se comprenait. Parfois, pour aller plus vite, je permettais à l'un d'eux de passer la barrière. Parfois, il en prenait l'initiative sans mon avis. Je savais qu'il se limitait à cette récupération hâtive.

                 Quelques parties mémorables. La nature du terrain était d'argile damé dur comme du ciment, pas même la pluie n'arrvait à le ramollir, le piétinement l'avait encore plus durci, ce qui le rendait dangereux. Un jour, un gamin d'une dizaine d'années tombe mal sur ses mains. Confondu avec les joueurs, il crie sans que personne ne l'entende, il crie encore   : "Ya khouyia laâ dhâmm !" (trad Oh mon frère, l'os! ). Qui pouvait le croire, le jeu se poursuivait sans que personne n'y prête attention. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes que ses copains réagiront. Pauvre bougre, victime d'une fracture composée, désolidarisé du poignet,  le radius était sorti du bras faisant avec le cubitus un angle de 40°. Affreux spectacle. En effet, je vois toujours cet os blanc sorti de son enveloppe charnelle. Et le gars de crier de frayeur et de douleur tout en tirant pour essayer de le remettre à sa place. En vain...Le lendemain, mordu de foot, membre plâtré, il suivait les rencontres en spectateur.

                                                         Une autre partie plus amusante m'a marqué. Toujours du balcon, j'assistais à un litige . Ce jour-là, était présent mon frère Aimé. Faute de camp réglementaire -ici on travaille sans filet- la limite se faisant avec un vêtement, il est difficile de savoir si la balle "est entrée". Dans une partie de tennis, les arbitres s'emploient à observer de près le dernier impact pour  admettre le point ou crier "Out". Ce jour-là, l'impact était litigieux, très litigieux. Comment le déterminer avec un sol si dur? Pourtant, pour convaincre son adversaire, l'un d'entre eux lança cette phrase qui a fait rire tant de monde : "Ha oudek la cicatrice'!" Nul n'est besoin de traduire!!!!

                 3°)-La Guerre 1939-45. Dans la zone d'ombre du terrain, à g. en 1940, a été installée une "Saucisse" , surnom donné à cet engin anti aérien. Sa vocation est de piéger les aviateurs Allemands dont l'adresse et la témérité ont fait notre admiration. Au sol, un moteur thermique tient lieu de force antagoniste. Il permet de redescendre ce genre de "zappelin"tenu en laisse verticalement par un cable électique à haute tension. Un frôlement d'aile du chasseur ennemi aurait suffi à l'envoyer au tapis.  Ce piège défensif avait été judicieusement placé à cet endroit. Les pilotes en piquant empruntaient ce couloir aérien. J'en sais quelque chose, je les entends encore descendre sur ma tête. La première maison à dr. façade très blanche, donnant Rue Mellet, est une reconstruction après avoir reçu une bombe qui fit de nombreux dégâts, sans épargner notre villa dont  toutes les issues volèrent en éclats. A une seconde près, on y passait. tous : les familles Coppola, Di Costanzo et  la grand-mère Balestrieri Philomène obstinée à vouloir rester à l'étage plutôt que le rez-de-chaussée. Sur son lit, elle recevra des débris de vitres à la tête. Ce ballon ovale, de dimension telle qu'il fallait un poids lourd pour le transporter est gonflé à l'hydrogène. Souvent, les enfants de la Rue des Aurès, au passage du véhicule perçaient la fine membrane. Arrivé sur les lieux, il fallait repartir de zéro. La fréquence de cette fuite de gaz avait rendu ce fait banal .Par contre, l'anecdote que j'ai vécue rappelle un moment de frayeur. Mon cousin Balestrieri René (v. lien, généalogie) s'est amusé à sauter les barbelés de protection pour mettre en route le moteur. Hermétiquement fermé dans son caisson métallique, pardi dedans on touche à la haute tension, seule la manivelle de démarrage  est extérieure au monobloc.On peut procéder à l'allumage mais impossible d'arrêter le mécanisme. Un seul recours : fuir l'endroit pour éviter toute représaille. Ce sera chose faite pour nous trois, René, Aimé et moi-même. On ne saura jamais comment s'est terminée la descente...aux enfers!!!. "L'imprudence est pendue au cou de la jeunesse"...


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                           La maison blanche à dr au premier plan correspond à l'impact de la bombe allemande. Rebâtie après la guerre, elle  est une résurgence de la catastrophe de 1943. La distance avec notre villa est proche, puisque le cliché a été tiré par  ma soeur  Marie Di Costanzo depuis le balcon. L'effet de souffle nous a tous terrassés. Horrible moment!

                       CONCLUSION.-  En 1959, avec "Bel Air" et ses 96 logements, ce sera l'engloutissement bétonné de tous ces souvenirs. La population a montré son empressement pour être logée décemment, cette aire de jeux sera sacrifiée : avec mille regrets je verrai disparaître ce lopin de terre qui fit la joie de tant de monde. En même temps, la magnifique vue à 180° sur l'ensemble du paysage aura rétréci. Adieu la vue sur mer!

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            Ne vous fiez pas à cet aspect de villa cernée par des planches dégradantes. Celles-ci ont été installées pour fermer le chantier du complexe "Bel Air". L'habitation datant des années 20 comprenait un jardin de 6500 m2- Fichtre!. Toutes les essences d'arbres de Méditerranée embaumaient l'alentour : jasmin, bougainvillier, rosier, strélitzia, agrumes... Sans oublier un terrain de tennis privé. C'est donc de ce balcon que les parties de football  m'ont développé à la première heure le goût pour ce sport. C'est aussi à partir de ce lieu que la JSMP (Jeunesse Sportive Musulmane Philippevilloise, la JSMK actuellement) pouvait trouver sa pépinière de joueurs.


           


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                                                            QUATRE CLICHES EVOLUTIFS, QUATRE PERIODES DIFFERENTES.

    Cliché 1.- Avant 1900.-La plupart des maisons sont bâties en rase-mottes. Au mieux,un étage sur rez-de-chaussée. C'est du solide. Heureusement, car viendront s'ajouter plusieurs niveaux sans que les fondations  ne cèdent,ce sera la vocation de cet axe principal de la cité, appelé d'abord Rue Nationale. Ici, sur la première maison à dr sera bâti un ensemble important aux multiples activités. Les multi-niveaux sont encore rares.

    Cliché2.- Surélévation et engloutissement de la maison insignifiante indiquée précédemment. Le cliché montre une extension qui touche à son terme. Les échaufaudages sont retirés par tranche de travaux de haut en bas. On voit bien se profiler le produit définitif; ( A noter à g. le futur magasin de cycle Redon. et au fond le clocher de l'église).

    Cliché 3.- Les intiniales  gravées "MC" ou Maison du Colon. On la débaptisera pour Maison de l'Agriculture, dénomination convenant au contexte politique. C'est ici que mon père Philippe sera entraîné vers des activités syndicales. On vient tout juste de sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Auparavant,  en 1943, un obus Allemand a traversé plusieurs niveaux de la bâtisse sans exploser. Il n'y aura aucune victime à déplorer. A dr, une partie des HBM, (Habitations à Bon Marché) premier complexe construit dans la cité. Bien que très utile, ce sera la première plaie architecturale en plein coeur de la ville.

                               Maison aux multiples services. a) La vie syndicale. Combien d'heures ai-je passées à observer mon père dans ses engagements professionnels. Rude tâche que de convaincre un agriculteur qui doit adopter un esprit collectif. C'est le contraire qui l'anime. Une nouvelle ère va le mobiliser : dans les années "50", on voit surgir de nouveaux décrets d'indemnisation pour biens spolliés. Là, les syndiqués accourent. Ils vont même suspecter mon père, homme maladivement scrupuleux pour s'être servi le premier. Ingratitude! Philippe va donc s'employer avec force et conviction pour obtenir l'AOC en vin et viandes (v. plus loin). Le manque de cohésion entre individus encore trop autonomes va le mener à l'échec.

                                 b) Des services et des noms: La banque agricole, Mutualité Agricole, 72, Rue Clémenceau- nouvelle appellation- Monsieur Bertucci son directeur, Monsieur Duplessis à l'étage où mon jeune frère Albert connaîtra son premier emploi.  Monsieur Ascensio, joueur de l'EJP, caissier de la banque, aux humeurs versatiles, Mademoiselle Yacono, secrétaire du Syndicat....Tout ce petit monde rendait très active cette maison familière aux terriens. La grande salle de réunion, où encore mon père s'illustrait à animer les séances de la Confédération des Agriculteurs...J'y ai fait mes armes pour apprendre à intervenir en public. Sans oublier, à l'étage supérieur, en profession indépendante Madame Beck émule de Bach et ses cours quotidiens de piano. Les notes égrénées rivalisaient avec le crépitement des machines Underwood.

    Cliché 4.- 2011.- J'ignore aujourd'hui l'affectation de cette grande maison remplie de souvenirs. Le bleu pastel règne partout. Les paraboles permettent de constater qu'on l'habite à l'étage. Des anciennes Portes de Constantine à celle de Stora, le niveau des habitations va doubler de hauteur. La configuration du sol en est la cause : entre le Djebel Bou Yala et le Djebel Skikda, les places sont chères. Les palmiers filiformes participent eux aussi à cette tendance. Ici, il a fallu un demi-siècle pour les voir atteindre d'inaccessibles sommets.  La colonne vertébrale commerciale, hormis le marché de détail, demeurera la Rue Clémenceau, ex-Rue Nationale. Son originalité : bout à bout ce ne sont que des arcades qui la jalonnent des deux côtés. Lors des grandes chaleurs, on saura les apprécier. Avec elles,  l'adoption des persiennes sur la périphérie méditerranéenne sait se protéger intelligemment de ces journées caniculaires. "Lumière égale Chaleur".

                      SOUVENIRS SENSORIELS.- C'est à quelques mètres de là que ma grand-mère, Philomène Balestrieri, quittera le Beni Melek pour habiter Rue Clémenceau. Du balcon, à l'âge de 5 ans, j'éprouvais le plaisir d'observer l'animation du Centre-Ville, de humer les odeurs alléchantes. Sous le balcon, un restaurant oriental, le fumet de mouton,  la "margâ" ou sauce allongée de divers légumes et préparée tôt le matin pour le couscous de midi, cet ensemble d'ingrédients envahissait l'appartement à l'étage. La tentation était si forte que Grand-mère se faisait livrer une portion pour déjeuner. La gargote, le vulcanisateur Gentile tout proche, à raison dune explosion de chambre à air... par jour, de quoi sursauter à chaque déflagration, les charrettes aux roues ferrées doublaient d'intensité sonore sur les pavés...et ce Vétérinaire Vicrey qui, un jour,au volant de sa Peugeot, vit sa roue avant droite quitter l'essieu, le devancer pour aller atterrir contre le pilier d'une arcade, sans faire de victime. Ouf !..

                                 Laissons sur la dr au n° 66, la "Charcuterie Parisienne", paradoxalement tenue par un Lyonnais Emery.  Lyon, capitale gastronomique et plaque tournante des épices venues d'Orient ou d'ailleurs, a donné à ce professionnel du porc une notoriété sans égal. De plus, c'est papa qui lui fournit la viande. Nourritures saines, castration, mise à l'engrais, différentes étapes contrôlées minutieusement  par le maître éleveur. Outre la branche de la viticulture des coteaux,  il est tout de même Président du Syndicat des Eleveurs de Porcs, il faut être exemplaire. Importation de races superbes "Largewhite, Yorkshear"...Tout ce qui est signé Philippe porte l'authentique label "bio" avant même que ce terme ait été utilisé. Deux "pros" consciencieux de la viande cuisinée ne pouvaient qu'attirer une fidèle clientèle soucieuse d'y trouver les meilleures saveurs. Aussi, franchir le seuil de cette "chaircuiterie" éveillait en vous un appétit pantagruélique...Souvenirs obsessionnels, Souvenirs olfactifs, quand pourrai-je m'en détacher? Je comprends mieux Marcel Proust, notre écrivain contemporain qui n'a de cesse pour la délicieuse "Madeleine" qu'il venait déguster chez sa grand-mère quand il était en culotte courte.

                                 Sur le balcon de Mère-Grand, tous les parfums de Méditerranée entretenus dans des pots : basilic, menthe,estragon... Une façon à elle de ne pas quitter la terre, sa  passion, une façon à moi de fixer à jamais les parfums qui caractérisent la cuisine  Méditerranéenne. En face,  l'épicerie Morandé,  sur le comptoir des bocaux carrés et coudés, tournés vers la clientèle et remplis de friandises multicolores. Houm! Inaccessibles mais tant désirées par ce bambin de 5 ans ! En période de restrictions, période de la Seconde Guerre Mondiale, la tentation ne peut être que plus grande!!!

     


       


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        Le cliché est tiré du fameux film de Gabriel Hemmer, 2005, sur les pentes de Stora. J'entends le remercier ici.

                     INTRODUCTION : " Henndy, henndy ou l'mouss hanndy" (  traduction textuelle :des figues, des figues et le couteau sur moi). Ainsi hélant l'éventuel client, couteau à la main,  le vendeur ambulant  invitait à  vous ouvrir  ce fruit à même le trottoir de la ville.  Etalage rudimentaire. Unique denrée étalée. Succulent pour les uns, granuleux pour les autres, ce fruit des pays Méditerranéens  reste néanmoins pour ceux qui  le connaissent un régal. Il appartient à la famille des CACTEES. Aujourd'hui, il s'intégre dans les rayons de produits exotiques des supermarchés. Seul ennui,  le fruit consommable ou oponce  est enveloppé d'épines minuscules difficiles à extirper. Double ennui que l'on peut rencontrer : ne pas éliminer ces cils urticants c'est courir le risque de les retrouver sur la langue. Cela m'est arrivé plusieurs fois. Interrogez ce para qui ce jour-là atterrira en pleines plantations. Il a fallu utiliser plusieurs pinces à épiler pour toutes les extirper de son...postérieur.

                          Je n'ai connu que deux sortes de couleurs : fruit à chair rose orange le plus connu ou bien chair violette au goût plus raffiné. Les pépins nombreux peuvent être avalés, certains  plus délicats les rejettent.

                          Précaution élémentaire : avec des bouts de branches feuillues, balayez l' enveloppe épineuse, puis mouillez vos mains. Sur le fruit ou opantia (autre nom scientifique), incisez les extrêmités où se concentrent le plus d'épines puis le ventre du fruit. Ouvrez-le. Présentez-le  sur son réceptacle. Cette  peau interne est  de couleur de chair. Dégustez, : quel délice! Comment peut-on expliquer qu'il y ait tant de parfum, de fraîcheur, de jus...tandis que le sol aride produit en général le contraire. C'est le secret des pays chauds. Une sorte de compensation de la Nature toujours généreuse.

                         AUTRE UTILISATION  : mon père tranchait les raquettes en lamelles de 2cm, il les mettait à tremper dans  l'eau pendant 24h. pour en extraire l'huile. Ce qui servait de fixateur ou colle au badigeonnage des façades,  des caves, des annexes ..

                      La viticulture utilise du sulfate de cuivre pour lutter contre le mildiou. Avec le soufre fongicide traitant l'oïdium, ces deux produits constituent le traitement basique  de la vigne.  Aujourd'hui, on trouve la bouillie bordelaise toute prête. J'ai connu le temps où le sulfate pierreux s'achetait par sacs. Là aussi, l'huile de palettes de barbarie servait à fixer le traitement sur le feuillage du cep. On en faisait usage en grande quantité  dans des bassins réservés à cet effet. Teinte couleur cuivre indélébile.

                    Comme toutes les plantes de la famille des cactées, le figuier de barbarie pousse sur des terrains secs, sur des talus comme sur le cliché. Le fruit,  une fois sorti de son enveloppe ou peau, peut être mis à l'air une heure avant d'être consommé: il devient frais sans artifice. En pays chauds, ce n'est pas négligeable. Encore là, tout est question de dosage de durée. Passé un certain délai, le fruit déshydraté perd de son onctuosité.

                   La figue de barbarie se reproduit facilement par bouturage.  Les buissons finissent par en être envahis. Cependant, il est bon de lui trouver un endroit très abrité. Si un jour vous désirez posséder un exemplaire dans un pot, il suffit d'arracher une raquette avec son collet. Plantrez-la et laissez le temps agir. Il en est de même pour toutes les cactées.

                                 Pourquoi ai-je choisi d'évoquer ces souvenirs? Pour rappeler que nos racines sont tissées de radicelles ou petits détails qui ont enrichi notre passé et consolident notre vie présente.

                           DE L' ECOLOGIE? .... Parlons-en.!!!!!

                           Il  n'est pas superflu de rappeler combien la vie moderne finit par occulter les dons de la Nature. Pour ma part, tout en appréciant le progrès combien admirable,  j'ai eu la chance d'avoir connu la vie dans sa simplicité. Ce qui permet de juger le parcours des découvertes. Voilà tout juste une cinquantaine d'années, un rien était  savouré avec plaisir. On évitait  de gaspiller. La société de consommation ne s'était pas encore imposée.  On était écolo sans le savoir.  On apprenait à tirer partie de tout;

                       Un geste anondin qui corrobore cette observation :  je veux citer un être très représentatif, mon père. Lorsqu'il remuait la terre du jardin à la main, il creusait une rigole latérale à ses pieds et y engloutissait l'herbe coupée. Le recyclage ou engrais vert s'effectuait à l'endroit même du binage. A une plus grande échelle, il plantait des carrés de févettes pour les enterrer à maturité. Nous savons que le plant de fèves n'a nul besoin d'engrais d'apport. Par contre, il en fournit. Tout cela, sans pollution. A cogiter!

                        CONCLUSION : Voilà comment la figue de barbarie classée sauvage peut générer une image non stérile. Il en est ainsi pour beaucoup de plantes. A l'âge de 8 ans, une éruption cutanée au soin de la médecine classique est demeurée incurable, pis, les pommades de sulfamide n'ont fait qu'aggraver. Désespérée, ma maman fait appel à Monsieur Petania, Concierge de l'Ecole Anatole France ou Cianfarani. Il prescrit  une tisane d'extrémités de ronces. Ce que maman se dépécha de cueillir. Deux jours après, plus aucune trace. On connaît aujourd'hui les vertus de l'ortie. Soyons reconnaissants,  en botanique, il ne devrait pas y avoir de différence entre plante sauvage et plante cultivée. On devrait s'en inspirer pour les différentes peuplades...Quand il y a réciprocité, c'est l'idéal..Gérard.

                       


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                    LOCALISATION : nous sommes aux portes de Philippeville, Oued Louach-Beni Melek. Au premier plan, la propriété Di Costanzo Vincent. Au second plan (dans la tête du V routier) la ferme de Cuomo Michel époux Ricci, héritière, plus à gauche celle de Di Meglio que Philippe Di Costanzo acquerra en 1951. Ici, des idylles sentimentales ont procédé au remembrement ou simplement à l'exploitation d'un bien acquis par héritage. Priorité est donnée à la sauvegarde du patrimoine à travers les générations. Utopie? Réalité? A chacun d'en découdre.

                    AIME LA TERRE, ELLE TE LE RENDRA.-Témoignage convaincant de ce peuple qui, à partir d'une forêt est arrivé à exploiter ces terres à mi-coteaux et les rendre fertiles à la sueur de leur front. La main d'oeuvre initiale sera des Européens en majorité Italiens plus précisément des Iliens d'Ischia, puis des Kabyles, vaillants travailleurs et enfin des Arabes. A partir de 1850-60, les plus gros efforts déployés sous la canicule, exposition Sud, seront  de déchausser les bruyères séculaires, leur enracinement demande l'aide d'un mulet ou d'un cheval dressé pour la circonstance. . Mon père Philippe et ses frères Thomas et Pierre découvriront cette  rude épreuve dès leur adolescence, en 1907 sur la parcelle dite "le Communal". La productivité ne sera que plus prospère : rien de plus sûr qu'une terre vierge. Mais cette état de virginité ne saurait durer sans le souci d'entretien. Le sol est généreux. Il l'est si nous nous mettons à son service, à terme par négligence, il  ne peut que s'appauvrir. L'élevage y pourvoira. Rien de tel que le fumier de bêtes pour maintenir la  pleine productivité.  Une anecdote surprenante: sur ce versant, Jean-Baptiste, mon grand-père, a récolté une salade "Romaine" de 7 kg, elle avait poussé le long d'une rigole à... purin!!!.

                                             L'exposition idéale pour les primeurs, l' humus malaxé à l'argile,  la pierre du sous-sol, propice au maintien d'hygrométrie tout cela favorisera la viticulture et l'arboriculture en plein essor sous l'égide de ce peuple qui ne se sent pas désorienté sur ce versant Méditerranéen. Ischia, terre volcanique, a servi d'expérimentation, ici, on passe à l'exploitation. Par dichotomie gustative, il fallait distinguer Raisin de Table et Raisin de Vin. Comment oublier ce raisin muscat, cet "Incomparable"doré, sucré, cette "Panse", ce Cinsault avec arrière goût d'acetone, cet Alfonse Lavallée, pour son jus, ce muscat de Hambourg pour sa saveur particulière, cette clairette pour le vin blanc, cet Alicante pour sa couleur et son tanin... bref, le raisin de vin donnera un nectar  titrant parfois 14°, 15°. Convoitise des viticulteurs de plaine qui doivent se contenter d'une maigre teneur en glucose.

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                             Premier plan : Propriété Di Costanzo Vincent, père de Gilles et Roland ( 2 garçons, 1 fille). Deuxième plan, celle de Jean-Baptiste Di Costanzo époux de Thérèse (5 garçons, 3 filles) . C'est à Jean-Pierre, l'un des enfants que nous devons ces magnifiques vues d'avion. Privilège des plus appréciables. On devine la structure d'une aile aérienne: hélico? Avion? Qu'importe, ce cliché immortalise le travail d'un siècle fourni par des agriculteurs amoureux de leur terre. Troisième plan, la ferme Ghirengelli. Somptueuse, toujours peinte en blanc criard, située à la crête sur les "Quatre Routes", elle domine le versant de l'Oued Louach et du Beni-Melek

                             Plan d'Occupation du Sol (POS).- L'architecture est presque immuable. Les éléments en gigogne témoignent d'une expansion évolutive inhérente à une famille de plus en plus exigeante.  Au départ, on se contente d'un réduit : écurie ou étable suivie d'une cuisine et d'une chambre. Et s'ajoutent par la suite, d'autres salles pour obtenir un meilleur confort. C'est vers le plain-pied que vont les préférences des moins nantis. La terre passe avant la pierre bâtie. Parfois, des propriétaires plus audacieux optent pour une implantation à étage. Il y en aura de plus en plus.

                             

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    Au premier plan , le même propriétaire Di  Costanzo Vincent, et tout près,une maison plus modeste, celle du "Fils de la Vieille", pseudo souvent utilisé pour distinguer les homophones nombreux. Au deuxième plan, à distance respectable, des habitations alignées :


    -1ère: Cuomo-Ricci

    2ème: Ex-Di Meglio- acquise par Philippe Di Costanzo.En limite avec la propriété familiale, Françoise Migliaccio veuve de Pierre Di  Costanzo fera la connaissance de Di Meglio en seconde noce.

    3ème : Sultana parent de Xavier camarade de classe. Famille maltaise, active aux aurores. Je ne m'étonnerai plus que le fils scolarisé éprouvait des difficultés à concilier métier astreignant et contraintes scolaires.

    4ème: Borg; Rappelez-vous :  gallinacé vaniteux, un  paon sur le toit, étalant son magnifique plumage par sa vigilance de gardien avisait le propriétaire de tout intrus.

                 ETHNOLOGIE.-Au fond, se dessine l'ébauche d'une nouvelle ère. Le Plan de Constantine voulu par De Gaulle, tentera de résorber la forte demande de logements. En vain, aujourd'hui, encore, malgré les importants investisssements, les insatisfaits sont nombreux et se manifestent. Cette carence se justifie par le taux de natalité conjugué à l'exode rural sans cesse croissant. Bref, en peu de temps, la cité va sortir ses tentacules et dévorer toutes les terres cultivées jusqu'à la lisière des forêts peu cultivables. Cette substitution, bien qu'universelle,risque de se retourner un jour contre le citadin . La polyculture s'adapte moins bien sur les massifs forestiers où l'eau se raréfie. Ainsi, plus d'ensembles populeux que de plantations, il va falloir trouver une solution pour nourrir ces skikdis au taux de croissance exponentiel. Jamais, au cours de son histoire, ce pays ne s'est trouvé devant un tel problème. Le fellah ou agriculteur se contente de son lopin de terre pour les besoins personnels. Il vendra le surcroît. Est-ce suffisant?

              OBSERVATIONS.- Après avoir savouré une Indépendance légitime à laquelle tout peuple aspire, il va falloir que celui-ci fasse le bilan. Il est important qu'une émancipation soit suivie d' autonomie. Celle-ci n'a pas l'air de se manifester , l'énergie fossile fait écran : trop d'importations paralysent l'expansion économique en harmonie avec la population. La générosité de la terre a été oubliée ou sous-estimée. Je ne vois plus d'agrumes inonder les marchés Européens. Pourtant, le label ne trouvait aucun concurrent planétaire. La Tunisie a réagi, elle commence à nous montrer un marché pénétrant : sur les étals, je découvre des oranges Sanguines Maltaises,d'une inégalable saveur. Elles étaient les préférées de mon père alors producteur dans les plaines de Saf-Saf (1927-43) , essentiellement de St-Antoine (1944-50) ou dans les alluvions de l'Oued Louach (1947-62). L'OFALAC, organisme de contrôle, par son extrême rigueur ajoutait à la garantie exportatrice.

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                    VOCATION EXPORTATRICE. Témoin d'une production pléthorique, ce cliché illustre combien Philippeville abondait en fruits et légumes. Auran (à g.) propriétaire du cinéma Empire et du restaurant "Beau Rivage" à Jeanne d'Arc, a compris qu'une brèche était ouverte entre les deux rives de la Méditerranée. Il est né dans la cité phocéenne et a épousé une fille Di Costanzo.L'exportation va inspirer d'autres membres de notre famille : Balestrieri Jean associé à Gianesini ( v. plus loin), plus à l'intérieur, à Constantine, Fiorentino sous le label GAF -( les frères Georges et Albert) va donner une dimension particulière. Le chef-lieu, plaque tournante commerciale, centralise les collectes effectuées auprès des différents mandataires parfois loin de la côte (exemple :Balestrieri Jean, oncle de son homonyme a déserté la côte pour Cirta) et dépose les exportations sur les quais de Philippeville à destination de Marseille.

                              Ainsi, l'agriculture atteindra en 1962 la pleine prospérité. En 1838, les principaux clients seront les Garnisons, auxquelles s'ajouteront graduellement les consommateurs civils - administratifs et commerçants. Les besoins devenant croissants , l'émulation orientera les agriculteurs vers une production créatrice  variée et  compétitive. Inévitablement, on s'achemine vers l'Exportation à grande échelle. Celle-ci sera mieux admise par la Métropole quand les produits seront exotiques, tels que les agrumes. Pour le vin, un contingentement plafonné à 15 millions d'hectolitres ne pourra être consommé uniquement sur le sol algérien. Le degré hecto fort élevé servira de coupage au vin métropolitain.


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                            LOCALISATION. La Farlède, quartier de la gare. Réhaussée, la ligne de chemin de fer Toulon-Nice est bien visible. Comme au domaine de Saf-Saf (1929-1943), le passage des trains réguliers ponctuent les tranches horaires. Nul n'est besoin de consulter sa montre. Ici, la gare  est plus près de l'habitation que celle de Damrémont.L'ambiance est  plus sereine. Le paludisme "distribué généreusement" dans la vallée algérienne, est absent en ce lieu bien plus sain.

                         IDENTIFICATION.De g. à dr, dans le sens des aiguilles d'une montre : Albert Di Costanzo et sa future épouse Micheline Chabredier , Jocelyne Cuny née Barket et son époux Aimé. En bout de table, régnant en maître, Philippe Di Costanzo, sa fille Marie, son épouse Françoise née Balestrieri. Coiffure 1925, Gérard Di Costanzo et son épouse Danielle née David. Enfin, Chantal Chabredier soeur de Micheline.

                         COMMENTAIRES. Eclatant de jeunesse, Philippe le patriarche est âgé ici de 71 ans. Pour certains, c'est le terme d'une carrière paisible de retraité, pour lui, ce sera un nouvel élan. Il en prendra encore pour 17 ans de travaux bien au-delà de la durée légale. Pourtant, en 1963, sous la contrainte devenue menaçante,  il a quitté son sol natal, ses racines, ses terres fertiles, ses récoltes sur pieds, un Arabe fidèle lui conseille de ne pas rejoindre sa propriété, on l'attend pour le "descendre". Lui, l'humaniste, le conciliateur, le médiateur. Qu'a-t-il fait de répréhensible? Nul ne sait. On lui avait dit c'est "ou la valise ou le cercueil", il a préféré prendre la valise et laisser le cerceuil à ceux qui n'arrivent pas à s'en dépétrer avec les conflits. Lui, dès le premier âge, n'a jamais connu la Paix, le citadin l'ignore. Il se trouve que ceux qui sont restés ne la trouvent pas encore. La trouveront-elles un jour? Destin qu'aucun camp n'a mérité. Destin d'une terre qui s'est gavée d'hémoglobine de tous horizons à toutes les époques de son Histoire. Destin d'un peuple qui sitôt l'Indépendance acquise ne demande qu'à rejoindre la France, pays renié. Logique, non? Destin d'un peuple atteint de morosité. Alger n'a pas d'âme. Lors de cet exode mémorable, ce million d'êtres novateurs et jetés en masse à la mer auraient dû servir de terreau à ce pays en voie de développement  qui, malgré la manne de ses énergies fossiles pénalisantes, n'arrive pas à prendre son essor. Un espoir est né: la jeunesse vient de prendre conscience qu'elle ne profite pas du Progrès galopant. Elle vient de réagir. Mais quelle en est l'issue? Aucune structure. Aucun élan économique. L'Algérie exportatrice , fierté de nos parents, est devenue importatrice des produits agro-alimentaires. C'est triste pour cette Californie prometteuse. Un obstacle nouveau jamais connu à ce jour : ce ne sont plus dix millions d'êtres à satisfaire mais quarante. Quelle infrastructure pourra avoir raison de cette demande croissante exigée par cette jeunesse majoritaire, sortie de son illettrisme?

                             Ici, Philippe jubile. Depuis son retour du front de la 1ère Guerre Mondiale, il n'aspirait qu'à rejoindre la Métropole.Paroxysme, la France minée par la guerre l'avait séduit au point de renoncer à son héritage sans cesse hypothétique.  Son père s'y opposa. Dès lors, ce sera la galère malgré les instants heureux. Trop de conflits ont jalonné sa vie. Le dernier sera de trop. Toute sa famille est entrée en France, au complet. D'autres moins chanceux ont laissé  un membre victime de la rébellion. Chacun honore ses martyrs. Drôle de façon de concevoir la Vie.  Drôle de façon de galvaniser un peuple en quête de symboles. Quelle aberration! Le titre de criminel pour les uns, se transforme en acte héroïque pour les autres. Drôle de concept ! Les circonstances atténuantes absolvent le crime. "Tu ne tueras point..." on s'en dédouane.  l'Humanité n'a connu que ce Mal, plaie dont elle ne peut s'affranchir.

                            Souris, souris encore, Philippe. Comme Job, le Créateur t'a offert une éternelle jeunesse en échange de la Souffrance. Signé : Gérard, son fils.


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